196 LES FOUILLES DE SUSE ET L’ART ANTIQUE DE LA PERSE.
Les Perses, sans exclure ces rapports numériques, admettent des relations graphiques
telles que celles de la fîg. 11 :
Etant donnée la largeur de la baie, construisez sur cette largeur un carré : la hauteur
sera égale au côté de ce carré augmenté de sa demi-diagonale. Le tracé est d’une sim-
plicité géométrique tout élémentaire, mais les relations numériques de longueurs ont
absolument cessé d’être simples. Il y a là une extension curieuse de l’idée grecque.
Un dernier diagramme (fig. 12) montrera mieux
l’esprit qui préside aux tracés perses; ce diagramme
est celui du palais de Sarvistan :
Le module est l’ouverture A B des arcades. Sur
cette ouverture on construit le triangle ABC connu
sous le nom de triangle égyptien et dont les côtés
sont entre eux comme les nombres 3, 4 et 5 : un
coup d’œil jeté sur la figure montre comment toutes
les dimensions découlent des longueurs mêmes des
trois côtés de ce triangle.
Fig. 12. — Tracé de la salle principale du
palais de Sarvistan (L’Art antique cle la
Perse, tome VI, page 28).
Je ne veux pas abandonner la question des tracés
perses sans m’arrêter à un rapprochement signi-
ficatif entre ces tracés et ceux des Égyptiens.
On a vu au début de cette notice que les procédés
de la voûte sans cintrage sont communs aux Égyp-
tiens et aux Perses : ce ne sont pas seulement les
procédés d’exécution qui leur sont communs, mais
aussi les tracés. Les voûtes du Ramesséum, qui
datent de la XVIIIe dynastie, dérivent du triangle
égyptien exactement comme celles de Sarvistan
(fig. 2) : il ne saurait y avoir là une rencontre fortuite, la communauté de tracé témoigne
d’une communauté d’origine; mais où est la priorité? La construction voûtée n’existe
dans la vallée du Nil qu’à l’état d’exception, elle apparaît au moment où les conquêtes
d’Hatasou viennent de mettre le pays en relation directe avec la Perse; en Égypte, où
l’on peut à la rigueur suppléer au bois à l’aide des joncs du Nil, le mode de construction
sans cintrage n’est pas absolument obligé; en Perse, où rien ne remplace le bois qui
fait défaut, c’est le mode nécessaire, le seul qui soit pratiquement possible : la vraisem-
blance est qu’il prit son origine en Perse, fut transporté en. Égypte, y reçut ses tracés
savants; et qu’il retourna enfin de l’Égypte à la Perse, revêtu cette fois de la forme géo-
métrique dont le génie calculateur de l’Égypte l’avait empreint. En somme, si la ques-
tion de priorité reste pendante, le fait des influences mutuelles dès l’époque de la XVIIIe
dynastie demeure établi; et il n’est pas sans intérêt de voir un résultat historique
Les Perses, sans exclure ces rapports numériques, admettent des relations graphiques
telles que celles de la fîg. 11 :
Etant donnée la largeur de la baie, construisez sur cette largeur un carré : la hauteur
sera égale au côté de ce carré augmenté de sa demi-diagonale. Le tracé est d’une sim-
plicité géométrique tout élémentaire, mais les relations numériques de longueurs ont
absolument cessé d’être simples. Il y a là une extension curieuse de l’idée grecque.
Un dernier diagramme (fig. 12) montrera mieux
l’esprit qui préside aux tracés perses; ce diagramme
est celui du palais de Sarvistan :
Le module est l’ouverture A B des arcades. Sur
cette ouverture on construit le triangle ABC connu
sous le nom de triangle égyptien et dont les côtés
sont entre eux comme les nombres 3, 4 et 5 : un
coup d’œil jeté sur la figure montre comment toutes
les dimensions découlent des longueurs mêmes des
trois côtés de ce triangle.
Fig. 12. — Tracé de la salle principale du
palais de Sarvistan (L’Art antique cle la
Perse, tome VI, page 28).
Je ne veux pas abandonner la question des tracés
perses sans m’arrêter à un rapprochement signi-
ficatif entre ces tracés et ceux des Égyptiens.
On a vu au début de cette notice que les procédés
de la voûte sans cintrage sont communs aux Égyp-
tiens et aux Perses : ce ne sont pas seulement les
procédés d’exécution qui leur sont communs, mais
aussi les tracés. Les voûtes du Ramesséum, qui
datent de la XVIIIe dynastie, dérivent du triangle
égyptien exactement comme celles de Sarvistan
(fig. 2) : il ne saurait y avoir là une rencontre fortuite, la communauté de tracé témoigne
d’une communauté d’origine; mais où est la priorité? La construction voûtée n’existe
dans la vallée du Nil qu’à l’état d’exception, elle apparaît au moment où les conquêtes
d’Hatasou viennent de mettre le pays en relation directe avec la Perse; en Égypte, où
l’on peut à la rigueur suppléer au bois à l’aide des joncs du Nil, le mode de construction
sans cintrage n’est pas absolument obligé; en Perse, où rien ne remplace le bois qui
fait défaut, c’est le mode nécessaire, le seul qui soit pratiquement possible : la vraisem-
blance est qu’il prit son origine en Perse, fut transporté en. Égypte, y reçut ses tracés
savants; et qu’il retourna enfin de l’Égypte à la Perse, revêtu cette fois de la forme géo-
métrique dont le génie calculateur de l’Égypte l’avait empreint. En somme, si la ques-
tion de priorité reste pendante, le fait des influences mutuelles dès l’époque de la XVIIIe
dynastie demeure établi; et il n’est pas sans intérêt de voir un résultat historique