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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Choisy, Auguste: Les fouilles de Suse et l’art antique de la Perse, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0225

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LES FOUILLES DE SUSE ET L’ART ANTIQUE DE LA PERSE. 197

ressortir ainsi d’une étude de proportion : il y a dans les rapprochements techniques un
élément d’appréciation et de critique dont l’histoire générale peut parfois profiter.

— Essayons maintenant de réunir sous une vue d’ensemble les faits individuels que
nous venons de parcourir.

La Perse, et c’est là le résultat général des travaux de M. Dieulafoy, la Perse présente
le singulier spectacle de deux architectures simultanées : une architecture à voûtes, une
architecture à terrasses : d’un côté, un art indigène, en harmonie avec les ressources
locales; de l’autre côté, un autre art en formelle opposition avec ces ressources, une
architecture de charpente dans un pays sans bois, un art d’imitation implanté dans la
Perse en dépit des obstacles matériels. C’est à cet art de conquérants, à cette royale
fantaisie qu’appartiennent Papadâna de Suse, et surtout Persépolis.

L'effet de cette architecture persépolitaine était immense. Qu’on se figure, sur un
tertre artificiel, au pied des falaises que décorent les tombeaux des rois, un groupe de
salles hypostyles s'étageant de plate-forme en plate-forme; entre ces plates-formes, des
rampes gigantesques; en avant des paliers, des pylônes ornés de taureaux ailés; les
colonnes des palais taillées dans le basalte, les murs brillants de l'éclat des émaux;
puis, au pied de ce tertre, entre l’acropole royale et la falaise des tombeaux, une ville
immense : telle était la capitale des Darius et des Xerxès. A peine l'Égypte sut-elle éveiller
à ce point les impressions de la grandeur.

L’architecture factice de Persépolis ne pouvait survivre au caprice royal dont elle était
issue : elle cesse avec la puissance achéménide dès le ive siècle avant notre ère. Désor-
mais la Perse n’aura plus qu’une architecture, P architecture voûtée, dont les origines se
confondent avec celles de sa civilisation, et qui survivra aux vicissitudes de son histoire.
Cette architecture voûtée se retrouve sous la dynastie sassanide, dans l’arc monumental
de Ctésiphon; c’est cette architecture qui doit se communiquer un jour à l’empire grec,
donner naissance à l’art byzantin, puis revivre, modifiée dans ses formes, la même
quant aux principes, sous les dynasties qui se succèdent pendant le Moyen-Age sur le
sol de la Perse; et étendre enfin avec le Koran sa domination sur le monde musulman
tout entier.

A. CHOISY.
 
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