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Durrieu, Paul: Une peinture historique de Jean Foucquet: le roi Louis XI tenan un chapitre de l'Ordre de Saint-Michel
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0094
UNE PEINTURE HISTORIQUE DE JEAN FÜUGQUET
80
conseillers, tandis qu’aux premiers plans la foule se presse, maintenue avec peine par
les huissiers et les hallebardiers de la garde royale.
M. Vallet de Viriville, dans une étude approfondie1, a établi que l’artiste avait repré-
senté le lit de Justice tenu à Vendôme, en 1458, par Charles VII, pour le jugement du duc
Jean d’Alençon, atteint et convaincu du crime de lèse-majesté et de haute trahison; et
tous les biographes de Foucquet, ou pour mieux dire tous les historiens de l’art qui ont
eu occasion d’examiner ce chef-d’œuvre, sont unanimes à y reconnaître un des monu-
ments capitaux qui nous restent de la peinture française antérieurement au xvie siècle.
A la vérité, le frontispice du Boccace l’emporte sur le frontispice des statuts de l'Ordre,
par la grandeur du cadre, l’ampleur de la scène figurée et le nombre des personnages.
Mais la science de composition n’y est pas plus accentuée; les tètes n’y sont pas
particularisées avec plus d’habileté et de force; la tonalité générale n’y est pas plus juste
et plus harmonieuse, l’exécution plus parfaite. Désormais, quand on énumérera l’œuvre
du maître de Tours, il faudra citer immédiatement après le Charles VII présidant le '
lit de justice du manuscrit de Munich, le Louis XI tenant les assises de VOrdre de
Saint-Michel du manuscrit français 19819 de la Bibliothèque nationale, en rendant enfin
une justice tardive à cette page trop longtemps méconnue, qui, en dehors de ses hautes
qualités d’art et de sa valeur exceptionnelle en tant que document historique, offre ce
double intérêt d’être l’unique exemple des travaux officiels de Foucquet comme peintre
de Louis XI, et la seule œuvre de lui retrouvée jusqu’ici dont on puisse rattacher l’exécu-
tion h, des circonstances connues et à une époque certaine2.
Paul DURRIEU.
1. Tome II de la publication de Curmer.
2. Je sais qu’on lit une date à la fin du Boccace de
Munich, mais cette date (1458) s’applique à la trans-
cription du texte et rien ne prouve que le frontispice
n’ait pas été peint après coup dans le volume, ainsi
que la chose a eu lieu, précisément pour les minia-
tures de Foucquet, dans le manuscrit de Josèphe du
duc de Berry.
80
conseillers, tandis qu’aux premiers plans la foule se presse, maintenue avec peine par
les huissiers et les hallebardiers de la garde royale.
M. Vallet de Viriville, dans une étude approfondie1, a établi que l’artiste avait repré-
senté le lit de Justice tenu à Vendôme, en 1458, par Charles VII, pour le jugement du duc
Jean d’Alençon, atteint et convaincu du crime de lèse-majesté et de haute trahison; et
tous les biographes de Foucquet, ou pour mieux dire tous les historiens de l’art qui ont
eu occasion d’examiner ce chef-d’œuvre, sont unanimes à y reconnaître un des monu-
ments capitaux qui nous restent de la peinture française antérieurement au xvie siècle.
A la vérité, le frontispice du Boccace l’emporte sur le frontispice des statuts de l'Ordre,
par la grandeur du cadre, l’ampleur de la scène figurée et le nombre des personnages.
Mais la science de composition n’y est pas plus accentuée; les tètes n’y sont pas
particularisées avec plus d’habileté et de force; la tonalité générale n’y est pas plus juste
et plus harmonieuse, l’exécution plus parfaite. Désormais, quand on énumérera l’œuvre
du maître de Tours, il faudra citer immédiatement après le Charles VII présidant le '
lit de justice du manuscrit de Munich, le Louis XI tenant les assises de VOrdre de
Saint-Michel du manuscrit français 19819 de la Bibliothèque nationale, en rendant enfin
une justice tardive à cette page trop longtemps méconnue, qui, en dehors de ses hautes
qualités d’art et de sa valeur exceptionnelle en tant que document historique, offre ce
double intérêt d’être l’unique exemple des travaux officiels de Foucquet comme peintre
de Louis XI, et la seule œuvre de lui retrouvée jusqu’ici dont on puisse rattacher l’exécu-
tion h, des circonstances connues et à une époque certaine2.
Paul DURRIEU.
1. Tome II de la publication de Curmer.
2. Je sais qu’on lit une date à la fin du Boccace de
Munich, mais cette date (1458) s’applique à la trans-
cription du texte et rien ne prouve que le frontispice
n’ait pas été peint après coup dans le volume, ainsi
que la chose a eu lieu, précisément pour les minia-
tures de Foucquet, dans le manuscrit de Josèphe du
duc de Berry.