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Durrieu, Paul: Une peinture historique de Jean Foucquet: le roi Louis XI tenan un chapitre de l'Ordre de Saint-Michel
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UNE PEINTURE HISTORIQUE DE JEAN FOUGQUET 79
de l’Ordre de Saint-Michel se trouve donc avoir retracé ici les traits d’un de ses clients
ou futurs clients.
Le livre d’Heures de Laval renferme plusieurs portraits de son propriétaire, dont un
entre autres, d’une dimension assez grande, est une vraie merveille de finesse et
d’expression.
Une autre image de Louis de Laval se trouve en tête d’un manuscrit des Passages
d’outre-mer, de Sébastien Mamerot1. Ce portrait est beaucoup moins beau que ceux du
livres d’Heures, mais il offre cet avantage d’avoir été peint à une époque plus voisine de
l’institution de l’Ordre de Saint-Michel, vers 1473 ou 1474. L’examen de ces diverses
effigies du seigneur de Chatillon, toutes d’accord entre elles, ne laisse aucun doute
sur l’identité du personnage.
Je suis, quant à présent, obligé de m’arrêter ici. 11 reste encore des figures historiques
intéressantes à retrouver dans notre miniature. Plusieurs hypothèses pourraient être
formulées avec quelque vraisemblance; mais je préfère m’en tenir aux résultats
susceptibles d’être présentés comme absolument certains. Ces premiers résultats
dépassent déjà, d’ailleurs, ce qu’on était en droit de pouvoir espérer. Sur un ensemble
de seize figures placées assez en vue pour prêter matière à l’étude, se trouver autorisé à
en identifier dix, et peut-être même onze, d’une manière aussi sûre, c’est une proportion
rare en pareil cas, et surtout pour une époque où les portraits authentiques sont encore
si difficiles à rencontrer.
J’ajoute que, s’il a été possible de poussser les choses aussi loin, c’est uniquement à
Foucquet qu’en revient le mérite, à cette précision merveilleuse, à cette conscience
absolue de l’artiste qui s’astreint à reproduire les moindres détails matériels, comme à
noter les nuances morales et les traits de caractère.
Ces mêmes qualités avaient été déjà relevées dans une autre œuvre de Foucquet,
dont la miniature de manuscrit français 19819 de la Bibliothèque nationale éveille
forcément le souvenir.
Je veux parler du frontispice placé en tête du Boccace de la Bibliothèque royale de
Munich1 2.
Cette page magistrale, d’une dimension exceptionnelle pour une miniature, car elle
occupe, à l’exception d’une bordure assez mince en forme de ruban, toute la surface
d’une feuille ayant 4(J centimètres de haut sur 29 de large, renferme près de 300 figures
traitées avec un art exquis. On y voit le roi de France Charles VII assis au fond d’une
grande salle, présidant une assemblée solennelle à laquelle prennent part de nombreux
1. Bibliothèque nationale, ms. français 5584.
2. Cod. gall. 6, sec. xv ou Gimeliensalle n° 38.
Le frontispice du manuscrit de Munich a été plu-
sieurs fois reproduit en couleurs, notamment dans le
tome II de VOEuvre de Jehan Foucquet, de Curmer.
de l’Ordre de Saint-Michel se trouve donc avoir retracé ici les traits d’un de ses clients
ou futurs clients.
Le livre d’Heures de Laval renferme plusieurs portraits de son propriétaire, dont un
entre autres, d’une dimension assez grande, est une vraie merveille de finesse et
d’expression.
Une autre image de Louis de Laval se trouve en tête d’un manuscrit des Passages
d’outre-mer, de Sébastien Mamerot1. Ce portrait est beaucoup moins beau que ceux du
livres d’Heures, mais il offre cet avantage d’avoir été peint à une époque plus voisine de
l’institution de l’Ordre de Saint-Michel, vers 1473 ou 1474. L’examen de ces diverses
effigies du seigneur de Chatillon, toutes d’accord entre elles, ne laisse aucun doute
sur l’identité du personnage.
Je suis, quant à présent, obligé de m’arrêter ici. 11 reste encore des figures historiques
intéressantes à retrouver dans notre miniature. Plusieurs hypothèses pourraient être
formulées avec quelque vraisemblance; mais je préfère m’en tenir aux résultats
susceptibles d’être présentés comme absolument certains. Ces premiers résultats
dépassent déjà, d’ailleurs, ce qu’on était en droit de pouvoir espérer. Sur un ensemble
de seize figures placées assez en vue pour prêter matière à l’étude, se trouver autorisé à
en identifier dix, et peut-être même onze, d’une manière aussi sûre, c’est une proportion
rare en pareil cas, et surtout pour une époque où les portraits authentiques sont encore
si difficiles à rencontrer.
J’ajoute que, s’il a été possible de poussser les choses aussi loin, c’est uniquement à
Foucquet qu’en revient le mérite, à cette précision merveilleuse, à cette conscience
absolue de l’artiste qui s’astreint à reproduire les moindres détails matériels, comme à
noter les nuances morales et les traits de caractère.
Ces mêmes qualités avaient été déjà relevées dans une autre œuvre de Foucquet,
dont la miniature de manuscrit français 19819 de la Bibliothèque nationale éveille
forcément le souvenir.
Je veux parler du frontispice placé en tête du Boccace de la Bibliothèque royale de
Munich1 2.
Cette page magistrale, d’une dimension exceptionnelle pour une miniature, car elle
occupe, à l’exception d’une bordure assez mince en forme de ruban, toute la surface
d’une feuille ayant 4(J centimètres de haut sur 29 de large, renferme près de 300 figures
traitées avec un art exquis. On y voit le roi de France Charles VII assis au fond d’une
grande salle, présidant une assemblée solennelle à laquelle prennent part de nombreux
1. Bibliothèque nationale, ms. français 5584.
2. Cod. gall. 6, sec. xv ou Gimeliensalle n° 38.
Le frontispice du manuscrit de Munich a été plu-
sieurs fois reproduit en couleurs, notamment dans le
tome II de VOEuvre de Jehan Foucquet, de Curmer.