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(y^ETTK oy DÏ iLTT^A^rURS.
Je Voltaire , parce que nous ne supposons
pas qu'aucun Je nos Leéfeurs ignore le
voyage Je ce grand homme. Nous ne Ji-
rons rien non ptus des altarmts que caulâ
aux âmes senstbies & vraiment éciair&s, la
maladie qu'esTuya M. de Voltaire , peu Je
jours après être arrivé. Cet illuifre Littéra-
teur vient encore Je cueilhr sur la (cene
Françoise la palme Ju génie ; à l'âge Je
Sophocle & digne émule de ce Prince des
tragiques Grecs , ila donné une Tragédie
non-, elle , & cette Tragédie a été applau-
die avec autant de transport que les Fran-
çois applaudirent, ilyasoixante années, aux
beautés touchantes & subiimes d'Œdipe.
Le sujet de cette nouvelle Tragédie esf
/rètte, fille du Patriarche Léonce, & femme
de l'Empereur Nicéphore Betoniate. Jeune,
aimab'e , vertueuse , Irène a eu le malheur
d'insphcr une véhémente paillon au perfide
Alexis Comne e, qui, pour obtenir sâ tnai-
treile , tue atroccmc! t Nicéphore & usurpe
ion Trône. L'Auteur a traité ce su;et avec
toute la (implicite Grecque , &, pour triom-
pher , il n'a eu recou s ni à la séduéfion de
ce qu'on appelle les grandes machines ,
pr.'que toujours employées par i'insuffssancc
des Auteurs, ni â l'illusion des figures ou-
trées , éblouislântes & communément faus-
sës, ni à ces prétendus coups de Théâtre ,
imaginés au hazard , & insérés après coup
dans la plup.rt de nos Tragédies modernes.
Peur-être /rètte n'cbtiendra pas le premier
rang parmi les pièces de Théâtre de M.
de Voltaire : mais la possérité y admirera
de beaux vers , des vers heureux & faciles,
des maximes excellentes & neuves , sur le
Gouvernement & la Religion. On a sur-
tout vivemept applaudi à un paslage dont
on a fait sur 1: champ l'application aux
Américains, qui défendent & vengent leur
îiberté , contre le dcspotisme de leurs con -
citoyens , & cô'i'rc la violence mercenaire
& sbudoyée des troupes qui le sont vaine-
ment efsorcées de les assujettir, ou Je les ex-
terminer. On a eu ausïi q e le respeéfable
Auteur avoit ingénieusëment peint M. i'Ar-
chcvêque de Paris dans le vertueux Léonce,
d'un carattere ferme , généreux & inébran-
lable.
Quelque destr qu'eût le Public d'applau-
dir a M. de Voltaire lui-même , & de le
voir asltlfer aux représentations de sa Tra-
gédie , ses indtspolitions habituelles ne le
lui ont pas permis ; mais Mada-.e Den s,
sa Nièce & Madame ae Vilette ont reçu
pour lui l'encens Batteur &: mérité qu les
Speéfatettrs ont donné à ce grand homme.
Quant à lui , sa muse brillante & fertile
parcourt tous les (entiers duParnaslc,avec
la même force & les mêmes graces oui le
caraéférisbient il y a plus de 60 ans , & qui
ont toujours disfingué les p oduéfin s de
son génie. Voici des vets que ce Poëte cé-
lèbre , l'ornemenr de soa (iécle & l'hon-
neur de la France , écrivoit il y a quelques
jours à M. le Prince de Ligne , au sujet du
faux bruit de (a mort annoncée dans urne
gazette étrangère, (de Bruxelles.)
Prince dont le charmant csprit
Avec tant de graces mattiti,
Si j'étois mort, corn: e on l'a dit.
N'auriez-vous pas eu le crédit
De m arracher du sbmbre Empire ?
Car je sais très bien qu'il fudit
De quelques sons de votre Lyre.
C'esf aitili qu'Orphée en usoit
Dans l'antiquité révérée ;
Et celt une choie avéré:
Que plus d'un mort resluseitoit.
Croyez que dans votre Gazette ,
Lorsqu'on parloit de mon trépas,
Ce u'étoit pas choie indiscrcte ;
Ces Meilleurs ne së trompoient pas.
En efset, qu'esf ce que la vie ?
C'est un jour : tel cil son desìtti ;
Q'importe quelle loir Unie
Vers le so:r ou vers le matin ?
Terx à AL & P*ozrRE , par As.
ijUEERr.
L esf donc vai, tu reviens, ô Voltaite!
Au Théâtre , où bàlia l'auior: de tes ans ,
Et que couvrent encor d ure ombre tu'elatre
Tes iauiiciS rajeunis pat soixante printemps.
Ce beau lieu , de tes vets sacré déposttatre ,
Eu' par le mauvais goût trop soovent dévasfé:
Vtens t que ta museoéfog'naire.
Par son sortisie divin , purge cet atmosphere
Qui du cœur de Raoul esf encor inseésé.
Melpomene à grands cris implore ta vieilleslet
Elle vient pout regrter, te demander des loix ;
Dans sou Temple sacré viens reprendre tes
drotts ,
Et qu'à i'aspeéf du Dieu le vrai culte renaisse.
(y^ETTK oy DÏ iLTT^A^rURS.
Je Voltaire , parce que nous ne supposons
pas qu'aucun Je nos Leéfeurs ignore le
voyage Je ce grand homme. Nous ne Ji-
rons rien non ptus des altarmts que caulâ
aux âmes senstbies & vraiment éciair&s, la
maladie qu'esTuya M. de Voltaire , peu Je
jours après être arrivé. Cet illuifre Littéra-
teur vient encore Je cueilhr sur la (cene
Françoise la palme Ju génie ; à l'âge Je
Sophocle & digne émule de ce Prince des
tragiques Grecs , ila donné une Tragédie
non-, elle , & cette Tragédie a été applau-
die avec autant de transport que les Fran-
çois applaudirent, ilyasoixante années, aux
beautés touchantes & subiimes d'Œdipe.
Le sujet de cette nouvelle Tragédie esf
/rètte, fille du Patriarche Léonce, & femme
de l'Empereur Nicéphore Betoniate. Jeune,
aimab'e , vertueuse , Irène a eu le malheur
d'insphcr une véhémente paillon au perfide
Alexis Comne e, qui, pour obtenir sâ tnai-
treile , tue atroccmc! t Nicéphore & usurpe
ion Trône. L'Auteur a traité ce su;et avec
toute la (implicite Grecque , &, pour triom-
pher , il n'a eu recou s ni à la séduéfion de
ce qu'on appelle les grandes machines ,
pr.'que toujours employées par i'insuffssancc
des Auteurs, ni â l'illusion des figures ou-
trées , éblouislântes & communément faus-
sës, ni à ces prétendus coups de Théâtre ,
imaginés au hazard , & insérés après coup
dans la plup.rt de nos Tragédies modernes.
Peur-être /rètte n'cbtiendra pas le premier
rang parmi les pièces de Théâtre de M.
de Voltaire : mais la possérité y admirera
de beaux vers , des vers heureux & faciles,
des maximes excellentes & neuves , sur le
Gouvernement & la Religion. On a sur-
tout vivemept applaudi à un paslage dont
on a fait sur 1: champ l'application aux
Américains, qui défendent & vengent leur
îiberté , contre le dcspotisme de leurs con -
citoyens , & cô'i'rc la violence mercenaire
& sbudoyée des troupes qui le sont vaine-
ment efsorcées de les assujettir, ou Je les ex-
terminer. On a eu ausïi q e le respeéfable
Auteur avoit ingénieusëment peint M. i'Ar-
chcvêque de Paris dans le vertueux Léonce,
d'un carattere ferme , généreux & inébran-
lable.
Quelque destr qu'eût le Public d'applau-
dir a M. de Voltaire lui-même , & de le
voir asltlfer aux représentations de sa Tra-
gédie , ses indtspolitions habituelles ne le
lui ont pas permis ; mais Mada-.e Den s,
sa Nièce & Madame ae Vilette ont reçu
pour lui l'encens Batteur &: mérité qu les
Speéfatettrs ont donné à ce grand homme.
Quant à lui , sa muse brillante & fertile
parcourt tous les (entiers duParnaslc,avec
la même force & les mêmes graces oui le
caraéférisbient il y a plus de 60 ans , & qui
ont toujours disfingué les p oduéfin s de
son génie. Voici des vets que ce Poëte cé-
lèbre , l'ornemenr de soa (iécle & l'hon-
neur de la France , écrivoit il y a quelques
jours à M. le Prince de Ligne , au sujet du
faux bruit de (a mort annoncée dans urne
gazette étrangère, (de Bruxelles.)
Prince dont le charmant csprit
Avec tant de graces mattiti,
Si j'étois mort, corn: e on l'a dit.
N'auriez-vous pas eu le crédit
De m arracher du sbmbre Empire ?
Car je sais très bien qu'il fudit
De quelques sons de votre Lyre.
C'esf aitili qu'Orphée en usoit
Dans l'antiquité révérée ;
Et celt une choie avéré:
Que plus d'un mort resluseitoit.
Croyez que dans votre Gazette ,
Lorsqu'on parloit de mon trépas,
Ce u'étoit pas choie indiscrcte ;
Ces Meilleurs ne së trompoient pas.
En efset, qu'esf ce que la vie ?
C'est un jour : tel cil son desìtti ;
Q'importe quelle loir Unie
Vers le so:r ou vers le matin ?
Terx à AL & P*ozrRE , par As.
ijUEERr.
L esf donc vai, tu reviens, ô Voltaite!
Au Théâtre , où bàlia l'auior: de tes ans ,
Et que couvrent encor d ure ombre tu'elatre
Tes iauiiciS rajeunis pat soixante printemps.
Ce beau lieu , de tes vets sacré déposttatre ,
Eu' par le mauvais goût trop soovent dévasfé:
Vtens t que ta museoéfog'naire.
Par son sortisie divin , purge cet atmosphere
Qui du cœur de Raoul esf encor inseésé.
Melpomene à grands cris implore ta vieilleslet
Elle vient pout regrter, te demander des loix ;
Dans sou Temple sacré viens reprendre tes
drotts ,
Et qu'à i'aspeéf du Dieu le vrai culte renaisse.