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d'un M. Darnicourt , affeRant cette
devotion sombre & atrabilaire qui pros-
crit la douceur & l'indulgence, qui fait
des crimes des fbibiesles les plus lege-
res , & qui eA impitoyable pour la
moindre imperfection. (Le Darnicourt
étoit d'inteiiigence avec un neveu de
Mould ri n , autre cœur faux & pervers,
qui aspire à la succelAon de son oncle,
& qui en a promis une part à Darnicourt,
s'il peut déterminer le vieillard à dés-
hériter son Als. Leurs esforts réunis sont
balancés par Berenger , autre ami de
Monsorin , homme doux, bienfaisant,
rempli d'humanité , d'une piété sincere
& ne respirant que la paix. L'avare
Monsorin étoit dévot ; il consultoit ses
amis. Berenger l'exhortoit à la clémen-
ce envers son Als ; mais comme cette
morale contrarioit ses préjugés, il s'ac-
commodoit mieux de celle de Darni-
court , qui le portoit à la rigueur , &
qui lui faisoit un mérite envers le Ciel,
de son inAexibilité pour les prétendus
vices d'un jeune libertin, prêt à se plon-
ger dans les désdrdres les plus honteux.
Darnicourt & Berenger yoyoient suc-
pesAvement Daminviile. Mais l'un le
révoitoit par ses reproches ; l'autre
qui sent toute l'impoAibilité de vaincre
une paillon qui au fond n'a rien que d'hon-
nête, s'attache à combattre l'obAination
injuAe du vieillard , & ne réuslit pas
mieux: Daminviile dévoré d'amour &
de chagrin, eA attaqué de la maladie la
plus cruelle, & Monsorin excité par
Darnicourt n'en eA que plus indexible.
Cependant Félicie gémit des perse-
cutions qu'épouve Daminviile ; par un
excès d'amour, elle se détermine a se
renfermer dans un cloitre, dans l'elpé-
l'ance que Monsorin prendra des senti-
mens plus humains envers son Als, lorA
qu'il n'aura plus à craindre un mariage
contre ses vues. Elle eA à la veille, de
faire ses vœux, lorsque Daminviile in A
truit & sécondé par un ami, rompt ses
fers, pénétré dans le couvent de Félicie,
l'enlevé, la conduit à Avignon & l'é-
pouse. La fureur de Monsorin eA au
comble ; ii arme les loix contre ce ma-
riage & reAtse tout secours à son Als
déjà pere; la misére sorce les deux époux
de revenir secretement à Paris: Beren-
ger , quoique peu riche, les aide de ses
bienfaits : mais Darnicourt suscite con-
tre celui-ci, un créancier qui Auprend
une sentence & le fait mettre en prison.
Cependant Daminviile se resout à écrire
a son pere : Monsorin lisoit sa lettre,
lorsque Félicie se présènte & tombe à ses
genoux ; le vieillard étoit ému par les
larmes, les graces & les expreilions tou-
chantes de Félicie ; déjà ii a conienti
qu'elie lui amene son mari, elle court
le chercher; mais Darnicourt que cette
scène dont ii avoit été témoin, avoit
touché , reprend le deslus, représente
les deux époux comme des monAres ,
qui s'étoient bien Aattés de rendre Mon-
sorin le jouet de leurs artiAces, ne reP-
pirant qu'après sa mort ; enAn il change
A bien le vieiiiard, qu'il le détermine
à partir Am le champ pour la campagne.
Les deux époux arrivent nageant dans
la joie de leur prochaine reconciliation
avec leur pere ; mais iis ne le trouvent
plus ; ils s'en retournent désesj^éres : pour
comble de disgrace, Daminviile apprend
que Berenger son bienfaiteur , jeA en
prison ; il y vole, il veut se conAituer
prisonnier à sa place ; un ami de Be-
renger lui envoyé la somme pour la-
quelle ii eA arrêté, & ils reviennent
ensemble auprès de Félicie ; cette réu-
nion ne fut pas de longue durée ; Be-
renger disparoit une séconde fois : les
époux tombent dans la plus grande in-
digence. Un M. Herbert osfre à Damin-
vilie de le prendre dans son voyage
d'Amérique, de faire toucher à Féiicie
cinquante livres par mois, & de lui don-
ner à lui, douze livers ; quelque dure
que scit cette condition, Daminviile
l'accepte ; il eA Au le point de par-
tir: Féiicie découvre ce projet, vasè
d'un M. Darnicourt , affeRant cette
devotion sombre & atrabilaire qui pros-
crit la douceur & l'indulgence, qui fait
des crimes des fbibiesles les plus lege-
res , & qui eA impitoyable pour la
moindre imperfection. (Le Darnicourt
étoit d'inteiiigence avec un neveu de
Mould ri n , autre cœur faux & pervers,
qui aspire à la succelAon de son oncle,
& qui en a promis une part à Darnicourt,
s'il peut déterminer le vieillard à dés-
hériter son Als. Leurs esforts réunis sont
balancés par Berenger , autre ami de
Monsorin , homme doux, bienfaisant,
rempli d'humanité , d'une piété sincere
& ne respirant que la paix. L'avare
Monsorin étoit dévot ; il consultoit ses
amis. Berenger l'exhortoit à la clémen-
ce envers son Als ; mais comme cette
morale contrarioit ses préjugés, il s'ac-
commodoit mieux de celle de Darni-
court , qui le portoit à la rigueur , &
qui lui faisoit un mérite envers le Ciel,
de son inAexibilité pour les prétendus
vices d'un jeune libertin, prêt à se plon-
ger dans les désdrdres les plus honteux.
Darnicourt & Berenger yoyoient suc-
pesAvement Daminviile. Mais l'un le
révoitoit par ses reproches ; l'autre
qui sent toute l'impoAibilité de vaincre
une paillon qui au fond n'a rien que d'hon-
nête, s'attache à combattre l'obAination
injuAe du vieillard , & ne réuslit pas
mieux: Daminviile dévoré d'amour &
de chagrin, eA attaqué de la maladie la
plus cruelle, & Monsorin excité par
Darnicourt n'en eA que plus indexible.
Cependant Félicie gémit des perse-
cutions qu'épouve Daminviile ; par un
excès d'amour, elle se détermine a se
renfermer dans un cloitre, dans l'elpé-
l'ance que Monsorin prendra des senti-
mens plus humains envers son Als, lorA
qu'il n'aura plus à craindre un mariage
contre ses vues. Elle eA à la veille, de
faire ses vœux, lorsque Daminviile in A
truit & sécondé par un ami, rompt ses
fers, pénétré dans le couvent de Félicie,
l'enlevé, la conduit à Avignon & l'é-
pouse. La fureur de Monsorin eA au
comble ; ii arme les loix contre ce ma-
riage & reAtse tout secours à son Als
déjà pere; la misére sorce les deux époux
de revenir secretement à Paris: Beren-
ger , quoique peu riche, les aide de ses
bienfaits : mais Darnicourt suscite con-
tre celui-ci, un créancier qui Auprend
une sentence & le fait mettre en prison.
Cependant Daminviile se resout à écrire
a son pere : Monsorin lisoit sa lettre,
lorsque Félicie se présènte & tombe à ses
genoux ; le vieillard étoit ému par les
larmes, les graces & les expreilions tou-
chantes de Félicie ; déjà ii a conienti
qu'elie lui amene son mari, elle court
le chercher; mais Darnicourt que cette
scène dont ii avoit été témoin, avoit
touché , reprend le deslus, représente
les deux époux comme des monAres ,
qui s'étoient bien Aattés de rendre Mon-
sorin le jouet de leurs artiAces, ne reP-
pirant qu'après sa mort ; enAn il change
A bien le vieiiiard, qu'il le détermine
à partir Am le champ pour la campagne.
Les deux époux arrivent nageant dans
la joie de leur prochaine reconciliation
avec leur pere ; mais iis ne le trouvent
plus ; ils s'en retournent désesj^éres : pour
comble de disgrace, Daminviile apprend
que Berenger son bienfaiteur , jeA en
prison ; il y vole, il veut se conAituer
prisonnier à sa place ; un ami de Be-
renger lui envoyé la somme pour la-
quelle ii eA arrêté, & ils reviennent
ensemble auprès de Félicie ; cette réu-
nion ne fut pas de longue durée ; Be-
renger disparoit une séconde fois : les
époux tombent dans la plus grande in-
digence. Un M. Herbert osfre à Damin-
vilie de le prendre dans son voyage
d'Amérique, de faire toucher à Féiicie
cinquante livres par mois, & de lui don-
ner à lui, douze livers ; quelque dure
que scit cette condition, Daminviile
l'accepte ; il eA Au le point de par-
tir: Féiicie découvre ce projet, vasè