( 1«? )
pense , soit dans quelque introdustion, soit
par des notes r^pandues sous le texte.
L’ouvrage dont il s’agit ici , conservera
«Tailleurs ä peu pres toure son utilite : ce
sönt des maximes : de quelque fond qu’elles
partent, Tessentiel consiste dans leur im-
portance & dans leur justessc. Voici pour
ichantillon la cinquieme qui concerne le
but des etudes.
» Des adions qui, en elles-memes se-
>> roient bonnes & louables , cesscnt de l’e-
» tre , des qu’elles sc rapportent ä un mau-
£» vais but. L’etude est une occuparion
»» honnetc & utile es soi ; mais il convient
1» d'examiner les motifs qui y portent. On
»> se proposc ou d’acqu^rir de la reputa-
»tion & de la consideration , ou de par-
(» vemr a quelque poste avantageux dans
s> l’Etat ; ou bien Ton voudroit se rendre
utile ä la societe en se servant de ses
J» forces naturelles & des feacultes de son
esprit pour acqu&ir toutcs les connois-
.» sances qui conduisent ä des applications
s» & ä des usages. De ces trois motifs les
» deux premiers ne valent rien 5 il vau-
» droit bien tnieux ne point etudier que
p> de faire lervir l’etude d’aliment ä Tor-
» gueil ou ä l’interet: de teiles connois-
,»> sances sont abusives , ou meme dange-
.»» reuses. Il n’y a que le troilieme motif qui .
I» soit puise dans la droiture & dans la ver-
» tu , & qu’on puisle regarder comine le
» ressort d’une ame noble. Ainsi il faut in-:
» spirer de bonne heure aux jeunes gens
1» ces sentiments eleves , afin qu’ils conlä-
crent toutes les Etudes a leur propre per-
» fetftion & ä sc mettre en etat de rendre
.» des services dcsinteresses ä la patrie. »
Cette decision est non-seulement outrde;
eile est encore tout ä fait deraisonnable. Il
n’y a presque personne dans la societe dont
la situadon lui pcrmette de se devouer a
l’etude dans ces vues plutöt chimeriques
que g^nereuses. On etudie en rh^ologie ,
cn medccinc, en jurisprudence , parce qu’on
veut obtenir des places dans quelqu’un de
ccs genres ; & l’on fait tous ses efforts pour.
posscder ces sciences ä fond, afin de se dis-
tinguer, & de se procurer tous les avan-
tages qu’un habile homme a licu d’esperer
dans ce mondc. Les rcrtus morales rchaus-
sent t sans deute , le carastere de ccux qui
ont fair de semblables krudes; mais elles
sont plutöt accessoires qu’essentielles au pre-
mier but de ceux qui entreut dans cette
carriere.
BELLES-LETTRES
Melange s.
Discours sür disserents sujets. Par M. de
Tress'eol, Dodeur en droit, ProfelTeur d’his-
toire a l’ecole Royale militairc. A Amfier-
dam 1776 , & a Paris, chezKnapenau bas
du pont S. Michel. in%°.
Ces discours, au nombrc detrois, roulent
sür des sujets interelTants & bien traites en
general. Lc premier est destine ä venger
l’histoire qui a eu ses detrafteurs , & dont
un homme fort eloquent sans doute , mais
celebre par ses paradoxes autanc que par
ion eloquence , a dit qu’elle calomnioit
sans celse le genre humain. Ce discours est
chaud , mais il n’etoit pas difficile ä faire,
Quand on soutienr un cause juste , on n’a
qu’ä se laisscr aller, pour ainsi dire ; les
preuves & les raisonnements naiiTent d’eux-
memes ; & d’ailleurs quel est celui qu’il
faut convaincre de Tutilitc de l’histoire?
Mdriteroit-il qu’on prit la peine de le ra-
mener a une autre opinion ?
Il s’agit dans lc second de la preseance
de I’Orateur ou du Poete; on paroit pen-
cher pour ce dernier , sans cependant deci«
der la question. Cc discours n’est pas lc
moins interessänt , ni le moins philosophi-
que.
Le dernier roulc sür une question propo-
see par l’Academie de Montauban pour lc
sujet d’un de ses prix d’^’oquence > on y
developpe cette maxime que le desinterestc-
menc est la preuve la moins ^quivoque d’u-
ne grande ame. On met ici le desinteresse-
ment au-dessus de toutes les vertus; c’cn
est une, sans doute; mais il nous scmblc
que sans la preferer, il faudroit songer a
les reunir toutes, ou du moins autant qu’on
pourroit en reunir. « Comparons le , dit
» l’Auteur , avcc le m^pris de la gloire ;
» quand on voit qu’elle est distribuee memc
n aux grands wimes t quand on sait qu’elle
Nai
pense , soit dans quelque introdustion, soit
par des notes r^pandues sous le texte.
L’ouvrage dont il s’agit ici , conservera
«Tailleurs ä peu pres toure son utilite : ce
sönt des maximes : de quelque fond qu’elles
partent, Tessentiel consiste dans leur im-
portance & dans leur justessc. Voici pour
ichantillon la cinquieme qui concerne le
but des etudes.
» Des adions qui, en elles-memes se-
>> roient bonnes & louables , cesscnt de l’e-
» tre , des qu’elles sc rapportent ä un mau-
£» vais but. L’etude est une occuparion
»» honnetc & utile es soi ; mais il convient
1» d'examiner les motifs qui y portent. On
»> se proposc ou d’acqu^rir de la reputa-
»tion & de la consideration , ou de par-
(» vemr a quelque poste avantageux dans
s> l’Etat ; ou bien Ton voudroit se rendre
utile ä la societe en se servant de ses
J» forces naturelles & des feacultes de son
esprit pour acqu&ir toutcs les connois-
.» sances qui conduisent ä des applications
s» & ä des usages. De ces trois motifs les
» deux premiers ne valent rien 5 il vau-
» droit bien tnieux ne point etudier que
p> de faire lervir l’etude d’aliment ä Tor-
» gueil ou ä l’interet: de teiles connois-
,»> sances sont abusives , ou meme dange-
.»» reuses. Il n’y a que le troilieme motif qui .
I» soit puise dans la droiture & dans la ver-
» tu , & qu’on puisle regarder comine le
» ressort d’une ame noble. Ainsi il faut in-:
» spirer de bonne heure aux jeunes gens
1» ces sentiments eleves , afin qu’ils conlä-
crent toutes les Etudes a leur propre per-
» fetftion & ä sc mettre en etat de rendre
.» des services dcsinteresses ä la patrie. »
Cette decision est non-seulement outrde;
eile est encore tout ä fait deraisonnable. Il
n’y a presque personne dans la societe dont
la situadon lui pcrmette de se devouer a
l’etude dans ces vues plutöt chimeriques
que g^nereuses. On etudie en rh^ologie ,
cn medccinc, en jurisprudence , parce qu’on
veut obtenir des places dans quelqu’un de
ccs genres ; & l’on fait tous ses efforts pour.
posscder ces sciences ä fond, afin de se dis-
tinguer, & de se procurer tous les avan-
tages qu’un habile homme a licu d’esperer
dans ce mondc. Les rcrtus morales rchaus-
sent t sans deute , le carastere de ccux qui
ont fair de semblables krudes; mais elles
sont plutöt accessoires qu’essentielles au pre-
mier but de ceux qui entreut dans cette
carriere.
BELLES-LETTRES
Melange s.
Discours sür disserents sujets. Par M. de
Tress'eol, Dodeur en droit, ProfelTeur d’his-
toire a l’ecole Royale militairc. A Amfier-
dam 1776 , & a Paris, chezKnapenau bas
du pont S. Michel. in%°.
Ces discours, au nombrc detrois, roulent
sür des sujets interelTants & bien traites en
general. Lc premier est destine ä venger
l’histoire qui a eu ses detrafteurs , & dont
un homme fort eloquent sans doute , mais
celebre par ses paradoxes autanc que par
ion eloquence , a dit qu’elle calomnioit
sans celse le genre humain. Ce discours est
chaud , mais il n’etoit pas difficile ä faire,
Quand on soutienr un cause juste , on n’a
qu’ä se laisscr aller, pour ainsi dire ; les
preuves & les raisonnements naiiTent d’eux-
memes ; & d’ailleurs quel est celui qu’il
faut convaincre de Tutilitc de l’histoire?
Mdriteroit-il qu’on prit la peine de le ra-
mener a une autre opinion ?
Il s’agit dans lc second de la preseance
de I’Orateur ou du Poete; on paroit pen-
cher pour ce dernier , sans cependant deci«
der la question. Cc discours n’est pas lc
moins interessänt , ni le moins philosophi-
que.
Le dernier roulc sür une question propo-
see par l’Academie de Montauban pour lc
sujet d’un de ses prix d’^’oquence > on y
developpe cette maxime que le desinterestc-
menc est la preuve la moins ^quivoque d’u-
ne grande ame. On met ici le desinteresse-
ment au-dessus de toutes les vertus; c’cn
est une, sans doute; mais il nous scmblc
que sans la preferer, il faudroit songer a
les reunir toutes, ou du moins autant qu’on
pourroit en reunir. « Comparons le , dit
» l’Auteur , avcc le m^pris de la gloire ;
» quand on voit qu’elle est distribuee memc
n aux grands wimes t quand on sait qu’elle
Nai