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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Leclercq, Émile: Collections particulières de tableaux, à Bruxelles
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0114
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108

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

COLLECTIONS PARTICULIÈRES DE TABLEAUX, A BRUXELLES

Bruxelles, 1er avrii jatio.

En Belgique, où il y a un grand nombre d'artistes et où il semblerait qu'ils dussent
trouver des sympathies de toutes sortes, les amateurs d'art sont relativement très-rares.
Ainsi, à Bruxelles même, doux amateurs, deux émules, MM. Van den Berghe et Van
Becelaere, s'étaient formé des galeries de tableaux. Le public semblait s'amuser d'une
rivalité si digne de son intérêt. On visitait ces musées particuliers comme on allait
voir les curiosités les plus banales de la ville. Les Guides les recommandaient aux
étrangers, et c'est ainsi qu'elles sont, devenues presque célèbres. N'est-ce pas une
chose remarquable qu'un amateur de tableaux, assez passionné pour former une
galerie, n'arrive qu'à passer peur un original, dans un pays où les arts sont en honneur
depuis quatre siècles?

Faut-il chercher la raison de cette singularité dans le caprice du public, qui attache
du prix aux objets plutôt à cause de leur rareté, que pour leur valeur môme? ou bien
un pays artiste depuis si longtemps est-il à ce point blasé sur les beautés de l'art !
Ses musées en sont pleins; elles font la richesse des églises ; les particuliers en conser-
vent les spécimens comme des reliques. Quant aux tableaux, aux statues modernes,
n'y a-t-il pas des expositions nombreuses où, si l'on est amateur, on peut aller tous
les jours, pendant un ou deux mois, pour la somme de dix francs 4, se réjouir les yeux
et l'esprit? On est tous les ans, ou même tous les six mois, — car les expositions ne
finissent point en Belgique, — propriétaire en quelque sorte d'un Salon où sont accro-
chés plusieurs centaines de tableaux, et dressées quelques douzaines de statues. Tl n'y
a que les chefs-d'œuvre qui puissent résister à une exhibition de deux mois, et les
chefs-d'œuvre sont rares, bien rares chez nous!

Il y avait à Bruxelles quatre collections particulières de tableaux : celles de
MM. Van den Berghe, Van Becelaere, Pauwels et Goethals. M. Van den Berghe est
mort; sa collection est dispersée. Elle n'était point très-intéressante; à quelques œuvres
de mérite, telles que la Leçon de Musique, de M. Decamps ; la Chasse aux sept lions, de
M. Horace Vernet, que la gravure a rendue célèbre, avait été mêlée sans goût toute
une cohue de tableaux médiocres, dont la moitié peut-être avait été acquise par M. Van
den Berghe par pure philanthropie.

La collection de feu M. Yan Becelaere sera vendue les 11, 12 et 13 avril. Elle est
beaucoup plus importante que la précédente. Non-seulement les tableaux y sont plus
nombreux, mais ils ont été choisis avec plus de tact. Une trentaine de compositions de
petits maîtres qui avaient la vogue il y a vingt ans, font une assez pauvre mine au
milieu des œuvres plus modernes. Ce sont pour la plupart des pastiches de Téniers et
d'Ostade, de Gérard Dow et de Metsu; en paysage, des souvenirs bien pâles de
Wynanls et d'ilobbema. Il y a aussi quelques restes du romantisme belge, imitation

1. En Belgique, les commissions d'exposition délivrent, pour la somme de cinq à dix francs,
des cartes permanentes d'entrée au Salon.
 
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