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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 2
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Leclercq, Émile: Collections particulières de tableaux, à Bruxelles
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0115

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CORRESPONDANCE DE RRUXELLES. 100

du romantisme français. M. Wappers élail le prophète de cette petite école de la
couleur quand môme; aussi son talent a-t-il laissé des traces chez 31. Van Becelaere, et
l'on se demande, en voyant son Faust et Marguerite, comment on avait du goût, il y a
vingt-cinq ans, pour de si vulgaires images.

M. Van Becelaere n'aimait pas trop les œuvres de ses compatriotes, à en juger par
le petit nombre de tableaux belges qu'on voit dans sa collection. Il était porté plutôt
vers les français. Mais, n'eût-il point goûté le talent de ce peintre, il lui fallait un
tableau de M. Leys, et il en avait un. Le Fabricant d'armures n'est ni meilleur ni moins
bon que tant d'autres compositions de l'artiste anversois. C'est toujours le môme parti
pris de vieillesse. Je n'ai jamais partagé l'admiration fanatique de certains critiques
pour ce peintre qui n'est pas de notre siècle. M. Willems aussi a rarement représenté
l'époque moderne. 11 y a de lui chez M. Van Becelaere un tableau prétentieusement
intitulé les Trois âges, qui représente deux femmes et une enfant des environs de Paris.
C'est une peinture sobre et harmonieuse qui vaut mieux, à mon avis, que les réminis-
cences de Metsu auxquelles M. Willems nous a habitués. On voit avec celui-ci deux
autres tableaux moins importants : des petits chiens, de M. J. Stevens ; des animaux, de
M. Verboeckoven ; le Réveil de Montaigne, de M. Hamman, qui s'est trop souvenu de
Véronèse, comme-toujours, en peignant ce tableau, et quelques autres toiles médiocres
dont il est inutile de faire mention.

Les peintres hollandais sont représentés par MM. Ten Kate, Van Hove, Schelfoct,
Koekkoek, Kuitenbrouwer ; les Allemands par M. Achenbach; les Suisses par
M. Calame, — tous réputés maîtres en leur genre.

Par le nombre et la qualité, les peintres français ont dans cette collection une
grande importance. Trois Géricault d'abord : Le Maréchal ferrant, tableau de genre,
d'environ un mètre de largeur sur 70 centimètres de hauteur, figures de 35 centimètres;
le cheval et le maréchal sont superbes; le maître du cheval a un bon caractère bien vil-
lageois: un enfant, à gauche de la composition, n'est point heureux. — Un dragon à
cheval, vu de dos, lancé à fond de train vers l'horizon sombre, où sans doute se livre
une bataille. Belle étude d'un ton violent, mais très-harmonieux ; le tableau est en hau-
teur, — (de 70 centimètres environ). Enfin, une Étude d'âne, de grandeur naturelle;
l'animal est coupé au poitrail; la tête est peinte avec une grande bravoure et dans ces
tons roux, chauds, que Géricault semble avoir parfois empruntés à Rembrandt.

Un tableau de Léopold Robert, intitulé, je crois, la Bénédiction, froid, sec, maladif,
page inutile dans l'œuvre de l'artiste.

Deux tableaux de Brascassat : le plus important, Moutons surpris -par les loups, est
habilement composé, mais d'une couleur fausse, antipathique. Brascassat n'a-t-il pas
eu, en France, la même vogue que M. Verboeckoven en Belgique?

Une Tentation de Saint-Antoine, de M. Hesse, dont il n'y a rien à dire.

La Chute de VEmpire, allégorie de M. Horace Vernet. Placé à côté de l'Arabe, de
M. Delacroix, ce tableau paraît plus triste, plus froid, plus empesé qu'il ne l'est peut-
être en réalité. Cet Arabe de M. Delacroix s'élance vraiment au combat; il fond sur le
spectateur avec cette fougue presque fantastique qui emporte les cavaliers des légendes
allemandes. On comprend qu'il puisse semer la mort autour de lui : peinture large,
ardente dans la touche et le ton, point réelle; c'est dans le pays des rêves qu'on crée
ces fantaisies émouvantes.

Deux ou trois paysages de M. Diaz, dorés et transparents, où nulle forme n'est
accusée, et au milieu desquels se meuvent des fantômes de femmes et d'enfants.
 
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