Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (6.1860)

VICTOR VIBERT

LA GRAVURE DU BIEN ET DU MAL

d'apkès le tableau de victok Olisel

Le tableau d'Orsel, dont la gravure a été l'œuvre capitale de Victor
Vibert, qui vient de mourir, fut composé à Rome en 1823, et parut pour
la première fois au Louvre, à l'exposition de 1833. Il était placé sur la
paroi méridionale du Salon carré, à l'endroit même où figurait ordinai-
rement le Déluge^ de Girodet. L'auteur de ces lignes s'essayait alors à
la critique d'art. 11 eut la bonne fortune de remarquer et de signaler
cette composition que les gardiens du musée, dans leur langage simple
et expressif, nommaient entre eux le tableau des familles. C'est, en
effet, l'opposition de deux existences au point de vue de la famille,
qu'Orsel a voulu peindre. Cet artiste avait éveillé déjà l'attention de la
critique par ses tableaux de la Charité et de la Mort d'Abel, et surtout
par celui de Moïse • mais le Bien et le Mal était la première œuvre où
son talent se présentât sous sa forme propre. La peinture murale
n'ayant pas encore été remise en honneur, Orsel voulait prendre date et
offrir un exemple, sur toile, du système décoratif qu'il rêvait pour les
édifices sacrés et qu'il appliqua avec tant d'autorité dans la chapelle de
la Vierge, à Notre-Dame-de-Lorette. Certes, ni les entretiens où il s'éclai-
rait avec Overbeck sur l'art chrétien, ni les études qu'il avait faites, soit