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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 2
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Monti, Raffaele: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0110

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CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE

DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Londres, le 10 avril 1H60.

Des circonstances imprévues m'ont empêché, à-mon grand regret, pendant quelques
mois, d'apporter mon humble pierre aû monument que vous élevez à la gloire des arts;
mais voici enfin pour moi le moment de reprendre ma tâche, et je le dois, sous peine
d'être accusé de négligence et d'indifférence : négligence envers vous, indifférence à
l'égard des événements artistiques dont se compose, en si grande partie, la vie intel-
lectuelle de cette grande cité d'où je vous écris.

Aussi bien, l'importance des nouvelles que j'ai à vous donner rendrait mon silence
d'aulant moins excusable : vous allez en juger.

Et d'abord, la saison s'ouvre d'une manière qui fait vraiment honneur à l'activité
des artistes anglais : quatre «Salons» sont déjà en pleine existence, et deux mille quatre
cents productions nouvelles sont là, commandant l'attention et sollicitant le patronage
du public. Ces expositions sont les suivantes : Institution britannique; — Société des
femmes artistes dans Pall-Mall; — Institution des Beaux-Arts dans «Portland Gallcry; »
— Société des artistes anglais dans Suffolk-Streot, Pall-Mall. Cette dernière exposition,
qui n'est pas la moins intéressante des quatre, tant s'en faut, n'est ouverte aux amis
de l'art et aux curieux que depuis le 26 du mois dernier.

Parmi les productions qui appellent ainsi les regards et affrontent la critique, le
nombre des œuvres consciencieuses témoigne, par son accroissement, d'un progrès
incontestable. A la grande joie des hommes de bon sens, nous voici presque délivrés,
cette fois, de cette rage d'innovation rétrograde qui a produit un si absurde mélange
des naïvetés de l'art primitif avec une imitation microscopico-photographique des pale-
tots patentés, des favoris roux, des habits d'Oxford, des crinolines, et que sais-je
encore? Décidément, la manie préraphaélite et photographique s'en va, laissant toute-
fois derrière elle l'habitude d'un travail plus soigné, tant en ce qui touche le dessin
qu'en ce qui concerne le traitement du sujet. Et c'est là une qualité-dont l'absence se
faisait singulièrement sentir, il y a quelques années, dans l'école anglaise.

11 y a aussi diminution notable dans le nombre de ces peintures insipides, conven-
tionnelles et prétentieuses qui avaient coutume de remplir les expositions. Mais, d'un
autre côté, il faut bien le dire, il y a déclin en ce qui concerne l'importance des sujets.
La peinture historique est délaissée, ou abordée avec une timidité telle, que pas un seul
ouvrage de ce genre ne s'élève au niveau de rigueur. Le paysage, qui gagne tant à se
marier à des épisodes historiques, tend de plus en plus à représenter le vide et le
 
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