Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (6.1860)

LOUIS FOUL1)

Ce n'est jamais sans un cer-
tain sentiment de tristesse que
nous visitons une de ces collec-
tions particulières qui ont fait la
joie et le souci de toute une exis-
tence , parce que nous entre-
voyons le jour fatal où les objets
de tant de soins doivent s'en
aller, dispersés au vent des en-
chères. Notre loi civile, écrite
dans nos mœurs autant que dans
nos codes, le veut ainsi, et rien
ne résiste à un tel dissolvant.

Ainsi, un homme a suivi long-
temps et honorablement une car-
rière qui a fait sa fortune ou qui
l'a accrue ; il est parvenu à l'âge
de repos ; il espère vivre de longues années encore dans une retraite de
son choix, parmi les œuvres d'art qui furent sa distraction au temps
des affaires ; il a bâti sa demeure, palais ou maison ; sa collection y est
installée et tout est à souhait : alors la mort vient le surprendre. La
demeure vaut une fortune, la collection vaut un trésor, et il arrive telles
circonstances qui font un devoir aux survivants d'aliéner toutes ces
richesses.

C'est par cette conséquence logique de nos lois, que la collection de
M. Louis Fould va bientôt être livrée aux enchères. Comme nous avions été
admis plusieurs fois à l'étudier dans la magnifique galerie où elle venait
d'être installée, on nous permettra de commencer par ce cabinet la série
des études sur les collections particulières, que doit publier la Gazette
des Beaux-Arts. Nous n'avons, du reste, d'autre prétention que de consi-
gner ici nos souvenirs en attendant un travail plus important, plus savant