DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Mouvement des arts et de la curiosité
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MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITE
Nous évitons toujours avec Je plus grand soin, dans notre compte rendu des ventes,
d'ébruiter les cancans ou les scandales qui émeuvent de temps à autre l'hôtel Drouot.
Nous y voyons un grand danger pour un établissement dont nous avons maintes fois
signalé l'utilité. Nous ne pensons pas que le lecteur puisse prendre grand intérêt à se
faire montrer l'envers des coulisses; celles-ci, comme celles de tous les théâtres du
monde, ne sont jamais que des sujets de désillusion. Il ne faut point voir de près le
fard ou la céruse qui plâtrent le visage des acteurs ; il ne faut point non plus demander
d'où viennent les collections, ni où elles vont, comment se rédigent les catalogues, ni
quelle est la sincérité des enchères. Nous ne servons ici aucun autre intérêt que celui
de l'art. Nous ne signalons que les ventes qui ont un caractère sérieux d'importance ou
d'honorabilité, et si l'abondance des matières nous oblige quelquefois, bien à regret,
à ne point parler en détail des petites ventes, humbles mais honnêtes, nous signalons
au moins quelqu'un des objets curieux qu'elles renfermaient.
Mais il y a des mystifications qui frisent le scandale. La vente Gasc, qui naguère
a fait tant de bruit et dont les Yélasquez ont eu un fiasco si retentissant, avait encore
pour elle les illusions du propriétaire. Celle dite de M. de Valori n'a pas même ce
prétexte.
Chaque jour nous recevons des liasses de catalogues bourrés des noms les plus illustres.
Mais, par une sorte de convention franc-maçonnique, les toiles qu'enregistrent ces cata-
logues, imprimés d'une certaine façon, sur un certain papier et signés par de certains
experts, sont adjugées dans de certaines salles, sous la sauvegarde de certains commis-
saires-priseurs. A la seule inspection de la couverture jaune, rouge ou verte, les
initiés savent à quoi s'en tenir, et ils les jettent au panier sans les ouvrir. Le déguise-
ment qu'ils endossent timidement ne veut tromper personne, et ils vous avertissent par
des clignements d'yeux significatifs que leur nez est postiche et leur barbe d'emprunt.
Peut-on se fâcher tout rouge contre ces mensonges bonasses ?
Le catalogue des tableaux anciens et objets d'art provenant du cabinet de M. de Valori.
signé par un peintre expert, est précédé d'un avertissement qui les présente « aux ama-
teurs comme des œuvres de maîtres, appartenant à une collection dont le nom du pro-
priétaire, sullisamment connu dans les beaux-arts, en garantit l'authenticité (sic). »
Cependant un jésuitique petit nota essaie en ces termes de pallier l'énormité : a Quel-
ques tableaux de la collection n'étant pas arrivés au moment de la rédaction du cata-
logue, nous avons dû nous conformer aux désignations données par le propriétaire. »
Quels sont au moins ces tableaux dont vous n'osez garantir l'authenticité? Est-ce le
Nous évitons toujours avec Je plus grand soin, dans notre compte rendu des ventes,
d'ébruiter les cancans ou les scandales qui émeuvent de temps à autre l'hôtel Drouot.
Nous y voyons un grand danger pour un établissement dont nous avons maintes fois
signalé l'utilité. Nous ne pensons pas que le lecteur puisse prendre grand intérêt à se
faire montrer l'envers des coulisses; celles-ci, comme celles de tous les théâtres du
monde, ne sont jamais que des sujets de désillusion. Il ne faut point voir de près le
fard ou la céruse qui plâtrent le visage des acteurs ; il ne faut point non plus demander
d'où viennent les collections, ni où elles vont, comment se rédigent les catalogues, ni
quelle est la sincérité des enchères. Nous ne servons ici aucun autre intérêt que celui
de l'art. Nous ne signalons que les ventes qui ont un caractère sérieux d'importance ou
d'honorabilité, et si l'abondance des matières nous oblige quelquefois, bien à regret,
à ne point parler en détail des petites ventes, humbles mais honnêtes, nous signalons
au moins quelqu'un des objets curieux qu'elles renfermaient.
Mais il y a des mystifications qui frisent le scandale. La vente Gasc, qui naguère
a fait tant de bruit et dont les Yélasquez ont eu un fiasco si retentissant, avait encore
pour elle les illusions du propriétaire. Celle dite de M. de Valori n'a pas même ce
prétexte.
Chaque jour nous recevons des liasses de catalogues bourrés des noms les plus illustres.
Mais, par une sorte de convention franc-maçonnique, les toiles qu'enregistrent ces cata-
logues, imprimés d'une certaine façon, sur un certain papier et signés par de certains
experts, sont adjugées dans de certaines salles, sous la sauvegarde de certains commis-
saires-priseurs. A la seule inspection de la couverture jaune, rouge ou verte, les
initiés savent à quoi s'en tenir, et ils les jettent au panier sans les ouvrir. Le déguise-
ment qu'ils endossent timidement ne veut tromper personne, et ils vous avertissent par
des clignements d'yeux significatifs que leur nez est postiche et leur barbe d'emprunt.
Peut-on se fâcher tout rouge contre ces mensonges bonasses ?
Le catalogue des tableaux anciens et objets d'art provenant du cabinet de M. de Valori.
signé par un peintre expert, est précédé d'un avertissement qui les présente « aux ama-
teurs comme des œuvres de maîtres, appartenant à une collection dont le nom du pro-
priétaire, sullisamment connu dans les beaux-arts, en garantit l'authenticité (sic). »
Cependant un jésuitique petit nota essaie en ces termes de pallier l'énormité : a Quel-
ques tableaux de la collection n'étant pas arrivés au moment de la rédaction du cata-
logue, nous avons dû nous conformer aux désignations données par le propriétaire. »
Quels sont au moins ces tableaux dont vous n'osez garantir l'authenticité? Est-ce le