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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0181

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MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

UNE SAINTE FAMILLE, PAR SÉBASTIEN DEL PIOMBO

Nous avons promis à nos lecteurs la notice de M. Charles Blanc qui recommandait
au public une admirable toile attribuée à Sébastien del Piombo, et mise en vente ces
jours derniers. Nous en donnons aujourd'hui, à défaut du tout; les extraits les plus
intéressants.

Après avoir égratigné d'un spirituel coup de patte « les jeunes amateurs qui sont
volontiers tranchants,» et avoir rappelé ce mot d'un illustre écrivain qui habite aujour-
d'hui l'Angleterre : « L'incertitude est le tourment de ta clairvoyance, » notre rédacteur en
chef continue en ces termes :

« Ce tableau, découvert à Tolède, a été apporté tout récemment à Paris : c'est une
Sainte Famille de Sébastien del Piombo. L'Enfant Jésus est couché sur un lit et dort du
sommeil le plus gracieux et le plus doux, les deux bras ramenés sur l'oreiller; sa tôle
est à la droite du spectateur. La Vierge, vue de face, à mi-corps et légèrement incli-
née, contemple le sommeil de l'Enfant et tient délicatement de ses deux mains une dra-
perie dont elle va le couvrir. Saint Joseph est à gauche, dans l'ombre; saint Jean est à
droite, dans la lumière, et son visage, son attitude, expriment la plus tendre admira-
tion ; le fond est.rempli par un rideau vert. Les figures sont de grandeur naturelle.

«A l'arrivée du tableau, les amateurs ont été invités à le venir voir, et, comme il
arrive toujours, chacun s'est fait prier. C'est qu'en effet il n'est pas d'expert, il n'est
pas d'homme réputé compétent sur ces matières, qui ne soit tous les jours sollicité,
dérangé de ses habitudes, détourné de ses affaires, par des ignorants ou des rêveurs
auxquels est échu quelque Raphaël incontestable, de la seconde ou de la troisième ma-
nière. Nous-môme, nous avons perdu tant de temps et usé tant de patience à voir des
tableaux ; nous avons été tant de fois entraîné dans des quartiers lointains, tant de fois
déçu et mystifié, qu'il a fallu, pour nous décider, l'invitation pressante d'un ami.

«Cette fois, par extraordinaire, nous avons été largement, magnifiquement récom-
pensé de nos peines. La Sainte Famille qu'on nous a montrée est un morceau capital,
une peinture admirable et du plus beau style. Les deux principales figures, la Vierge
et l'Enfant, sont d'une telle beauté qu'elles ne seraient pas désavouées par les plus
grands maîtres. Les Madones de Raphaël sont douces et délicates, attristées par un
pressentiment vague, et naturellement gracieuses : celle-ci est robuste et fière, plutôt
sérieuse que triste, et d'une grâce souveraine. Son mouvement contrasté rappelle les
 
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