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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Galichon, Émile: École allemande, [1]: Albert Dürer sa vie et ses oeuvres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0029
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ALBERT Dl RER. 25

son séjour à Venise, la vue des tableaux des grands coloristes Giorgion et
Titien, lui enseignèrent le parti qu'on pouvait tirer de la couleur. Sans
modifier son style, Albert Durer profita de leurs enseignements : c'est ce
qui arrive toujours aux hommes de génie. Les tableaux qu'il exécuta
après son séjour dans la ville des lagunes, sont d'une couleur intense
qui rappelle la chaleur des toiles vénitiennes, dont il ne sut pas cepen-
dant s'approprier la touche grasse et large, ainsi que l'harmonieux
clair-obscur.

Son Adoration des Mages (datée: Florence, 1509), son Martyre des dix
mille Chrétiens ordonné par Sapor, qui est àYienne, sont des exemples de
ce que nous avançons. Dans ce dernier, les chrétiens, dépouillés de leurs
vêtements, gravissent une montagne escarpée du haut de laquelle, par les
ordres cruels de Sapor, ils sont précipités. Ainsi que dans tousles tableaux
qu'il affectionnait plus particulièrement, suivant toute apparence, il s'y
est représenté, avec son ami Pirckheimer, tenant une banderole à la main
sur laquelle est écrite l'inscription suivante : lsle faciebat anno Do-
mini Albertm Durer Alenianus. Cette composition offre des beautés de
détails fort remarquables, mais ne produit pas l'émotion que devrait
éveiller en nous la vue d'une semblable scène. Le manque d'ensemble,
le soin trop grand donné aux détails, sont probablement cause de la froi-
deur dans laquelle cette toile nous laisse. Malgré la multiplicité des
figures, malgré la minutie de l'exécution, ce tableau ne lui coûta qu'un
an de travail, car dès l'année précédente, 1507, on en possède la pre-
mière pensée. Albert Durer l'avait tracée à la plume sur du papier. Le
comte de Gaylus, à qui appartenait ce dessin, le grava; à la vente de
cet amateur, le dessin fut acheté par le comte de ïessin, de chez qui il
sortit pour entrer dans la collection du prince royal de Suède. Quant au
tableau, il fut exécuté pour le duc Frédéric de Saxe. Il resta dans cette
famille jusque sous le prince Albert, qui, suivant l'auteur du livre inti-
tulé // Figino, page 250, en fit présent au cardinal de Granvelle. Cette
Lminence, suivant toute probabilité, l'offrit à son tour à l'empereur son
maître, et c'est ainsi qu'il est entré dans la collection impériale du Bel-
véder, où on l'admirait déjà du temps de Mariette.

Le tableau de la Sainte Trinité, qu'il exécuta en 15J1, est de beau-
coup supérieur à la toile précédente. Si les détails, traités encore avec
trop de soin, nuisent à l'ensemble et lui donnent trop l'aspect d'une
grande miniature, la composion en est cependant plus rassemblée que
dans le Martyre des dix mille, la couleur plus riche et plus brillante;
enfin cette peinture est la plus belle que son pinceau ait produite à cette
époque.

vu. ï
 
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