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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Galichon, Émile: École allemande, [1]: Albert Dürer sa vie et ses oeuvres
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26 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Dieu le Père porte entre ses bras le Christ mort attaché à la croix.
Au-dessus, l'Esprit saint plane sous la forme d'une colombe; des anges
soutiennent le manteau de Dieu le Père, et portent les instruments de
la Passion. D'un côté, la cohorte des femmes martyres conduite par la
Vierge; de l'autre, les prophètes et les patriarches, ayant à leur tête saint
Jean-Baptiste, composent la cour céleste. Au-dessous, les bienheureux
des deux sexes et de toutes les conditions sont portés sur les nues, et
célèbrent les vertus du Tout-Puissant. Un beau paysage, baigné par
une large rivière, occupe le bas de la toile. Albert Durer s'est représenté
à droite, sur la terre, soutenant une tablette sur laquelle on lit \Albertus
Dilrer Moricus faciebat anno a Virginis partu 1511.

Durer resta longtemps à finir cette toile, qu'il exécuta pour une des
églises de Nuremberg, d'où elle fut enlevée pour être transportée à
Prague, et plus tard au Belvéder, à Vienne. Dès 1508, il en avait imaginé
la composition, ainsi que le prouve le superbe dessin à la plume lavé de
couleurs, qui orne la riche collection de M. F. Reiset, conservateur du
musée du Louvre. Ce dessin est d'autant plus précieux qu'il nous fait
connaître la composition complète du superbe retable, tel qu'Albert
Durer l'avait conçu en son entier; car le tableau de Vienne ne comprend
que le panneau principal, le cadre et la peinture supérieure n'ayant jamais
été exécutés, du moins que nous sachions.

Deux fortes colonnes devaient encadrer la composition et supporter
une frise chargée de sculpture et surmontée d'une seconde peinture cin-
trée parle haut et représentant Dieu le Fils, juge suprême de l'huma-
nité, en faveur de laquelle la Vierge et saint Jean-Baptiste intercèdent.
Tout en haut, un ange porte la croix du Christ, et, sur la corniche du
fronton, deux autres sonnent la trompette du jugement dernier. La frise1
représente d'un côté saint Pierre couvert des vêtements sacerdotaux; il
est porteur de la clef du paradis, et conduit les élus au séjour des bien-
heureux; de l'autre côté, Satan entraîne dans la gueule béante de l'enfer
les maudits, parmi lesquels figurent ces papes, ces cardinaux et ces
moines contre lesquels Luther allait élever la voix. Des oiseaux et des
fleurs ornent les deux plinthes du bas, au milieu de l'une desquelles
on remarque le monogramme et la date 1508 tracés entre deux écussons
destinés probablement à contenir les armes des donataires. Nous espé-
rons que la révélation de ce dessin éveillera, chez les personnes prépo-

1. Cette frise et la peinture supérieure se retrouvent dans un des bois qu'Albert
Durer dessina pour la Petite Passion. Cette estampe est décrite dans Bartsch sous le
numéro 52.
 
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