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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0253

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MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

VENTE DES BOISERIES ET DES PEINTURES

DU CHATEAU DE BERCY

Le château de Bercy va tomber, pierre à pierre, sous la pioche de l'édilité parisienne.
L'utile coudoie brutalement l'agréable et le force à s'éloigner des grands centres. L'art
lui-môme est obligé de modeler ses produits sur l'exiguïté des habitations modernes, et
les boiseries d'un seul salon au château de Bercy suffiraient pour revêtir les parois d'un
appartement complet à Paris.

Reconstruit par l'architecte Louis Lavau pour le marquis de Nointel, le château do-
mine Paris et le cours de la Seine, avec la dignité un peu pesante du siècle deLouisXIV.
Mais si l'extérieur offre quelque noblesse dans les lignes, l'intérieur ne donne pas une
haute idée de l'intelligence pratique de son architecte. On entrait, par la cour, dans une
sorte d'antichambre en forme de galerie, revêtue de lourdes sculptures en ronde
bosse, et précédant une grande salle des gardes donnant sur la terrasse du jardin.
Celui-ci, on se le rappelle, s'étendait jusqu'à la Seine. L'escalier, dont la révolution
était mesquine et mal commode, était relégué à l'extrémité gauche de cette anticham-
bre, dont l'autre extrémité donnait sur un petit office, communiquant avec la salle à
manger. Cet office était, avec la salle de bain et le cabinet de travail, une petite mer-
veille de décor. Des médaillons, de marbre rouge veiné de blanc, s'arrondissaient sur
les revêtements, et des ornements en étain moulé formaient, dans des niches à co-
quilles, le plus gracieux fouillis qui puisse dissimuler un vulgaire robinet. L'ensemble
de cette ornementation a été vendu 5,170 fr.

La salle de bain était digne de ces Dianes aristocratiques dont les joues s'empour-
prentde fard dans les portraits de J.-M. Nattier. La baignoire, épaisse et riche, occu-
pait un angle à demi dissimulé dans l'obscurité, et les murs étaient entièrement revêtus
de petits carreaux de faïence blanche, à sujets peints en bleu, de l'effet le plus gai
et le plus doux. On a vendu le tout 3,520 fr. C'est relativement fort peu.

Mais le cabinet de travail, qui occupait, au premier, l'angle du château qui regarde
Paris, contenait la plus adorable bibliothèque que puisse rêver un amateur de curiosi-
tés et de fines reliures. Les portes étaient formées de brindilles d'une légèreté char-
mante pour l'œil et d'une solidité singulière; le treillage, en laiton fin, était à peine
oxydé; un ciseau délicat avait évidé les ornements avec la patience d'un Chinois,
modelé les figures du fronton avec la grâce et le goût d'un buriniste de la Renaissance :
 
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