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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 6
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Livres d'art
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LIVRES

D'ART

Paris qui s'en va et Paris qui vient, publication artistique dessinée
et gravée par Léopold Flameng, texte par divers auteurs. — Paris,
A. Gadart, éditeur. 1860.

Depuis que nous avons signalé à nos lecteurs le Paris qui s'en va et le Paris qui
ment, dix nouvelles livraisons sont venues ajouter à cette publication un nouvel inté-
rêt. Les eaux-fortes de M. L. Flameng commentent chaque page avec vivacité et esprit,
et le coup de crayon de l'artiste précise pour les yeux le monument ou la scène décrite
par la plume de l'écrivain.

Le Marché des Innocents (neuvième livraison) est une des planches où M. L. Fla-
meng a mis le mieux en relief ses qualités d'aqua-fortiste habile et de dessinateur ingé-
nieux. Les seconds plans ont été mordus par l'acide avec une sobriété délicate, et un
enfant de Paris seul peut connaître ainsi le public qu'il met en scène. On n'invente
point ce type de la grisette trottinant en bottines, le cabas au bras, les cheveux relevés
sur les tempos, la figure pâle et les yeux brillants; ni cette marchande de légumes qui
dit : « Choisissez, médème! » ensevelie sous l'avalanche de son corset, la marmotte
nouée autour de la tète, le poing tout près de la hanche: ni le porteur, en casquette
élimée, en blouse flottante et en pantalon acheté au Temple dans l'ex-garde-robe d'un
élégant. C'est dans l'œuvre de M. L. Flameng, et particulièrement dans cette suite, que
les chercheurs de l'avenir pourront trouver les types les plus vrais de la race parisienne
dans les classes populaires.

Une visite à la Salpêtriêre a inspiré à M. Duranty quelques pages d'un style sobre
et d'un effet émouvant. La simplicité du récit, la conscience de l'observation, la jus-
tesse des observations physiologiques et morales donnent à cette étude une valeur
réelle, et laissent le lecteur sous une impression indéfinissable de tristesse. La Folie, la
Misère, la Vieillesse vacillante, l'Idiotisme, défilent sous les yeux comme des fantômes
d'existences désolées, brisées, ébauchées par des lois mystérieuses de la nature ou de
la fatalité sociale, et réveillent les plus grands problèmes que puisse agiter l'esprit hu-
main, sans espoir de les résoudre. M. Flameng a reproduit dans cette livraison une
peinture de M. Gautier. Quel que soit le mérite de cette composition, n'eût-il pas mieux
valu cependant nous donner une vue générale ou quelque détail de l'hôpital lui-même?

Le premier Hôtel de Ville de Paris, le Collège de Cluny, qui vit s'élaborer dans
ses cloîtres silencieux cet admirable dictionnaire historique, la Gallia-Christiana, et
dont l'église devint plus tard l'atelier de Louis David, la Flèche de Notre-Dame res-
suscites par M. Yiollet-le-Duc, le Temple, qui fut une citadelle, une prison, et qui
n'est plus qu'un marché sordide, ont servi de texte à des études un peu trop super-
ficielles. S'il est bon de ne pas effrayer le lecteur par un étalage d'érudition, il est
excellent aussi de lui donner un historique clair, précis et surtout détaillé de monu-
ments dont il ne restera demain plus de traces.

Le Prado offre une série sur laquelle nous glisserons rapidement. Il faut le crayon
de Gavarni pour reproduire ces orgies traditionnelles d'un pays latin quelque peu chi-
mérique, où Ton consomme généralement plus d'eau de seltz que de vin de Champagne.
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