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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 10.1861

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Nr. 4
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Lagrange, Léon: Salon de 1861, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17226#0202

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11 est passé, l'âge d'or des Salons. Si même aujourd'hui nous demeu-
rons fidèles à cette dénomination surannée, c'est moins pour obéir aune
habitude de la presse contemporaine, que parce qu'il nous en coûte de
rompre le fil de la tradition qui lie les expositions du temps présent aux
Salons du siècle dernier. Certes, il y a cent ans, en 1761, quand l'Aca-
démie, pour son exposition annuelle, ouvrit au public les salles du Louvre
dont le roi lui abandonnait la jouissance, le public pouvait encore se
croire dans un Salon. Cent cinquante-sept œuvres d'art, tableaux, gra-
vures, statues, ce n'était pas trop pour meubler le Salon du souverain
d'un grand pays. Mais aujourd'hui quatre mille objets, choisis entre sept
mille, viennent se disputer les regards du public. Quel Salon assez vaste
pourrait les contenir? Il leur faut un palais, et, comme il n'existe point
de palais des beaux-arts, l'industrie prête le sien : alliance heureuse et
louable si, pendant que l'industrie devient de plus en plus chaque jour
l'art de l'utile, l'art ne devait pas descendre à n'être plus que l'industrie
passagère du beau.

Il reste cependant à se demander si les beaux-arts sont bien logés
dans le palais de l'Industrie. C'est en vain que l'on voudrait écarter la
question de'dignité; elle doit subsister, et elle subsiste tout entière.
Est-il convenable, est-il juste que le même édifice qui sert à abriter des
instruments et des machines, des légumes et des bêtes, s'ouvre, faute de
mieux, aux productions les plus élevées de l'esprit humain? Si dans deux
ans l'exposition se présentait, non point avec quatre mille, mais avec dix
mille œuvres d'art, n'éprouverait-on pas quelque hésitation à la loger
aux Halles centrales?

L'art est une fleur délicate qu'il faut craindre d'étouffer par une cul-
ture irréfléchie. Tout ce qui tient à l'industrie et au commerce se trou-
vera toujours bien d'un local où peuvent circuler sans gêne des milliers
d'acheteurs. Les artistes qui se refusent à ne voir dans l'exercice de leur
art qu'un métier admettront avec peine que l'on suspende leurs tableaux
 
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