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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 6
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Goncourt, Edmond de: Greuze, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0538
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GREUZE'

V

Il y avait dix ans que Greuze était agréé. Malgré toutes les sollicita-
tions, il n'avait point encore envoyé à l'Académie le chef-d'œuvre pré-
senté d'ordinaire par les agréés dans les six mois de leur réception, et
décidant leur nomination d'académiciens. Le succès croissant de Greuze,
l'estime que l'Académie faisait de son talent, la crainte qu'elle avait de
paraître méconnaître ou jalouser un peintre qui ne lui ménageait pas les
mépris, tout cela décidait les académiciens à exiger de Greuze qu'il défé-
rât dans le délai le plus court aux obligations du règlement, et qu'il prit
dans l'Académie la place que le public lui donnait. En 1767, Greuze ne
s'étant point encore occupé de les satisfaire, ils lui interdisaient l'exposi-
tion du Salon2. Mais la rigueur de la mesure était atténuée et expliquée
par une lettre de Cochin, singulièrement flatteuse, et qui témoignait offi-
ciellement à l'agréé tout le désir que l'Académie avait de le posséder. La
réponse de Greuze à cette lettre était, au dire de Diderot, un modèle de
vanité et d'impertinence : « un chef-d'œuvre seul pouvait la faire pardon-
ner. » Enfin, le "29 juillet J769, Greuze consentait à apporter à l'Acadé-
mie un morceau de réception. 11 avait choisi pour sujet « Septime Sévère
reprochant à son fils Garacalla d'avoir attenté à sa vie clans les défilés
d'Ecosse, et lui disant : Si tu désires ma mort, ordonne à Papinien de me
la donner. »

L'Académie assemblée, le tableau exposé sur un chevalet subissait
l'examen des académiciens, tandis que Greuze attendait dans une pièce
d'attente, sans grande inquiétude. Au bout d'une heure, la porte de la
salie d'exposition s'ouvre à deux battants. Greuze entre. « Monsieur, lui
dit le directeur, l'Académie vous reçoit. Approchez et prêtez serment. »
Les cérémonies de la réception terminées : « Monsieur, reprenait le direc-

1. Voir la Gazette du 1er novembre.

J2. Mémoires pou?' servir à l'histoire de la république des lettres, vol. III.
 
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