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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 1
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Jacquemart, Albert: L' Extrême Orient au Palais de l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0069
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L’EXTRÊME ORIENT AU PALAIS DE L’INDUSTRIE.

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coupée par des macules blanchâtres irrégulières qui ont coulé en se
parfondant. Sous le pied, grossièrement creusé, nous retrouvons
l’ébauche du yang décrit plus haut. Pourtant, avouons-le, si le signe
sacré rattache cette pièce aux autres fabrications de Kiusiu, sa matière,
son façonnage et son aspect la rapprochent considérablement de plusieurs
coupes indiquées comme faites à lvioto, et qui ont une marque sem-
blable. Il y aurait donc à voir si, d’un côté ou de l’autre, il n’y aurait
pas erreur.

Pénétrons maintenant dans la province de Fi zen, ce pays cité par
tous les voyageurs comme le centre le plus important de la fabrication
céramique au Japon, et arrêtons-nous à Imari. Si c’est là, comme tout
semble le prouver, la patrie des porcelaines, on y a fait aussi des grès :
voici une petite bouteille à saki, en pâte mince et noirâtre qui a été
couverte d’un émail blanc truité rehaussé d’une décoration en rouge de
fer à diverses intensités; en bas sont les Ilots de la mer interrompus par
des pointes de rochers ; au-dessus se développe un dragon entouré de
nuages, et plus haut est une couronne ornementale composée de guir-
landes de points et de pendeloques terminées par des glands. Ce décor
monochrome est absolument du même style que celui de beaucoup de
porcelaines chrysanthémo-pœoniennes. Celles-ci sont représentées, dans
la collection de M. Cernuschi, par un petit bol couvert assez mince : au
pourtour du couvercle s’étendent des rinceaux à fleurs, tandis que sur
le corps campanulé du vase règne une couronne formée de grands carac-
tères antiques exprimant le mot Cheon, longévité, sous diverse? formes;
des bordures dentées achèvent la décoration, exécutée en rouge de fer,
manganèse, vert et jaune chatironnés d’or, genre riche et ancien, Ce
spécimen suffirait seul pour révéler l’origine d’une foule d’ouvrages
importants conservés dans les collections.

Nous ne décrirons pas les nombreux plateaux, les assiettes, etc.,
^fabriqués récemment à Imari d’après les types anciens, et que M. Cer-
nuschi n’a pas même pris la peine d’étiqueter; mais nous nous arrêterons
devant un plateau ovale portant, en bleu sous couverte, la carte du
Japon.. Épaisse, bleuâtre d’émail, cette porcelaine, non destinée au
commerce, est un type parfait pour reconnaître les nombreuses contre-
façons des bleus de Chine qui inondent aujourd’hui le marché européen
et qui ont troublé les idées commerciales au point de faire attribuer au
Japon les plus beaux koüan-ki antiques de Iving-te-tchin. Les potiers
actuels d’Imari ne se contentent pas de copier le décor chinois, ils
poussent l’audace jusqu’à inscrire ces contrefaçons de nien-hao des.xive
et xve siècles, comme peut le montrer un grand plat exposé par M. Marron.
 
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