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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Ephrussi, Charles: François Gérard, 2: d'après les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0088
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FRANÇOIS GÉRARD.

superbe et humide portrait de Mme Récamier... elle vous fera rire quelquefois... elle
est cependant très plaisante en parlant des ultra et de M. de Chateaubriand et de
l’Institut. »

Humboldt ne manque pas de redire à Gérard tout ce qu’il entend
ou lit de flatteur sur l'Entrée de Henri IV à Paris :

« Jamais succès n’a été plus complet et plus mérité. M. le duc d'Angoulême a
entendu avec une vraie satisfaction les éloges qu’on donnait de toutes parts au chef-
d’œuvre de l’École moderne. La Quotidienne d’aujourd’hui (c’est sans doute Malte-
Brun que j’avais vu hier) : « Cette belle composition couronne tous les grands
travaux de M. Gérard qui est l’honneur de l’École française. »

De Berlin et de Potsdam, le fidèle Humboldt. toujours soucieux de
la gloire de Gérard lui envoie les compliments de toute l’Allemagne:

« Chez mon roi, chez les princes, chez Mme de Humboldt, partout votre nom et
votre gloire ont raisonné à mon oreille. Je n’ai pu rien ajouter à l’expression des
sentiments d'affection et de vénération que dans toute l’Allemagne j’ai recueillis
pour vous. »

A l’occasion, Humboldt, pour renseigner son ami, se fait critique
d’art et ne ménage guère ses compatriotes :

« Comment vous parler, à vous, d’une exposition de peinture dans laquelle il
y a un mélange de talent et d’ennui dogmatique bien extraordinaire? L’École
nazaréenne (c’est ainsi qu'on appelle ici ce style byzantino-germanique), prend le
dessus, et ceux qui travaillent dans une autre route vivent aussi de réminiscences
de. l’École avant Raphaël. Ce qui manque n’est pas la partie technique et le savoir,
c’est l’expression de la vie, la liberté dans l’emploi du talent. 11 est bien extraor-
dinaire qu’une nation qui se meut si librement dans la littérature se soit forgé des
chaînes par de faux systèmes dans les arts... Ayant le bonheur de vivre dans votre
maison comme un membre de votre famille, de me nourrir de vos chefs-d’œuvre
depuis dix-hüit ans, je dois sourire quand j’entends parler ici de l’école de Begas 1 et
celle de Wach 2. Ce bon M. Wach a fait le portrait de la princesse Frédérique
d’Orange, accompagnée d’un coussin avec un embryon de couronne, et d’un can-
délabre duquel sortent des fleurs de lys, d’un paysage de Sans-Souci, couleur d’épi-
nards, tandis que la princesse est blanche comme la craie... Le paysage fait du
progrès : un très beau paysage grec, de quatre ou cinq pieds de long, est, le devi-
neriez-vous, de M. Schinkel ; il vient de le terminer. On croirait qu’il a peint toute
sa vie. C’est un homme de beaucoup de talent. »

Quelques années plus tard (1832), Humboldt se laisse gagner à
l’enthousiasme que provoquaient les débuts de la jeune école de
Düsseldorf.

1. Charles Regas, peintre d’histoire qui a eu une grande réputation en Alle-
magne. Il fréquenta, pendant deux ans, l’atelier de Gros. Mort en 1855.

2. Peintre du roi de Prusse, mort à Berlin en 1845.
 
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