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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 1
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Reymond, Marcel: La Sainte Cécilie de Stephane Maderne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0048
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GAZETTE DES BEAUX-AllTS.

doit-on penser qu’au xvne siècle, le Maderne était le seul artiste de
Rome, capable de s’intéresser à la délicate beauté de la jeune martyre.
S’il l’a aimée, c’est parce qu’il était étranger à Rome, étranger à ce
milieu perverti depuis longtemps par les doctrines de la Renais-
sance, où l’on enseignait que la nature ne possédait aucune beauté et
que tout le génie de l’artiste consistait à la violenter, à la transformer,
à la déformer. Aucun des élèves de Michel-Ange n’eût consenti à
regarder cette jeune martyre; tous ils eussent méprisé cette simpli-
cité, et ne trouvant pas dans ce corps frêle d’enfant les violences de
l’attitude et la force des muscles, ils eussent passé indifférents. Si
Maderne s’est épris de "cette jeune vierge, s’il s’est intéressé à ses
formes charmantes et s’il est parvenu à les rendre dans leur exquise
simplicité, c’est qu’il était né à Milan et qu’il portait dans son âme le
sentiment sincère de l’École lombarde. La Sainte Cécile est à Rome
une œuvre anormale; créée à Rome, elle n’appartient pas à l’art
romain; elle est la négation même de l’art de la Renaissance. C’est
une fleur tardive de l’École lombarde; c’est comme le dernier écho de
la grâce du Corrège et de Léonard de Vinci '.

Quelque plaisir que les amateurs d’art éprouvent à la vue de la
Sainte Cécile, bien peu se préoccupent de savoir ce qu’était Maderne
et ce qu’il a produit. Les Guides au surplus ne facilitent pas ces
recherches et l’admirable Cicerone de Burckhardt lui-même est muet
sur les œuvres de Maderne. Il en existe cependant un certain nombre
et elles sont toutes à Rome. En voici la liste :

Sainte-Cécile du Tkastevère. — La Sainte Cécile.

Sainte-Marie Majeure. — Chapelle Sixtine. — Deux Enfants soutenant les armes
des Borghèse.

Deux Petits Enfants nus tenant les guirlandes de la frise.

Sainte-Marie Majeure. — Chapelle Pauline. — 1° Départ pour la guerre contre

les Turcs (bas-relief en marbre) ;

2° Histoire de la fondation de Sainte-Marie Majeure (bas-relief en bronze).

On sait encore que Maderne avait sculpté pour cette dernière église
une statue de Saint Ephrcrn ; mais depuis longtemps le souvenir de cette
statue est perdu et on la demanderait en vain aux custodes de l’église.
Je crois avoir retrouvé cette statue. Le Saint Ephrem de Maderne n’est
autre que le Saint Bernard, aujourd’hui sans nom d’auteur, représen-

1. On peut s’en rendre compte dans la charmante gravure de M. Jacquet que
nous publions ici.
 
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