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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 2
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Guiffrey, Jules: Le sculpteur Claude Michel dir Clodion (1738-1814), [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0181
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IÆ SCULPTEUR CLODION.

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les figures de l’artiste. Quoi qu’il en soit de ce détail, le succès du
Triomphe de Galatée fut complet. Un bas-relief de cette dimension
occupe une place capitale dans l’oeuvre du maître. Il est bien regret-
table que le livret ne dise pas pour quel monument il était commandé.
Vainement avons-nous cherché dans les Guides et les Descriptions de
Paris, la destination d’un ouvrage qui devait présenter l’expression
la plus complète et la plus élevée du style de l’artiste. Tous les histo-
riens sont muets sur ce point. Silence bien singulier! Il est assez
probable que ce grand bas-relief a péri depuis longtemps, car il est
difficile d’admettre qu’une sculpture de dix mètres de proportion ait
pu échapper aux investigations des chercheurs.

Peut-être ces Tritons et ces Néréides, dont on voit les moulages
traîner un peu partout et dont le style équivaut à la signature de
Clodion, ont-ils fait partie du grand bas-relief de Galathée. L’artiste
les aura utilisés dans d’autres compositions, pour satisfaire aux
pressantes sollicitations des amateurs. Peu à peu l’atelier de Clodion
allait se transformer en une sorte d’usine de production industrielle.

De la même année ou à peu près, datent plusieurs autres ouvrages
bien oubliés maintenant. D’après le Voyage pittoresque de Paris, de
Dargenville, Clodion, en même temps que Lemoyne, Gois, Houdon et
Duret, fut chargé d’exécuter la série des bustes de nos rois depuis
François Ier jusqu’à Louis XIV, pour orner un des portiques du
Collège de France, récemment reconstruit par Chalgrin. Le tout périt
sans doute à la Révolution. Il nous a été dit qu’il ne restait rien
aujourd’hui de ces œuvres d’ailleurs sans intérêt.

Le biographe de Clodion s’est donné beaucoup de peine et a accu-
mulé preuve sur preuve pour démontrer que notre artiste n’était pour
rien dans la sculpture des figures en bois qui décorent le grand orgue
de Saint-Sulpice terminé vers cette époque : peine bien inutile; car
tous les historiens contemporains sont d’accord pour attribuer à
Duret les statues dont M. Michaux' fait honneur, sans aucune preuve
à l’appui, à Clodion. D’ailleurs, il ne semble pas qu’il ait jamais
sculpté le bois, genre de travail qui exige un apprentissage spécial.

Clodion venait de perdre, en 1778, son oncle Nicolas-Sébastien
Adam, le dernier survivant de cette phalange de vaillants artistes
qui avaient peuplé les jardins royaux de Versailles et de Postdam de
figures mythologiques. Nicolas-Sébastien, après une vie de labeur et

1. Dans Y Inventaire général des richesses d'art de la France, Paris, Monuments
religieux, tome I : église Saint-Sulpice.
 
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