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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Valabrègue, Antony: Le musée lapidaire d'Arles
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0368
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338

GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

phases de l’histoire de cette ville, sa prospérité sous la domination romaine, et
surtout sa splendeur sous le règne de Constantin, qui en fit la métropole des
Gaules. Elle fut pendant plusieurs siècles une capitale, enrichie par le commerce,
célèbre par ses nombreux monuments, et dont les habitants aimaient avec passion
les arts, les jeux et les fêtes. Lorsqu’elle eut embrassé la religion nouvelle, elle
devint, grâce à une consécration qui lui venait des premiers âges, la nécropole et
comme le Campo-Santo de la Gaule méridionale. On sait, en effet, que ses Champs-
Elysées païens, ses Alyseamps, devinrent un lieu de sépulture, recherché par les
grandes familles des villes riveraines du Rhône. Les évêques, les pairiciens, les
seigneurs se faisaient enterrer dans ce cimetière que Jésus lui-même avait mira-
culeusement béni, suivant une légende, et de superbes tombeaux s’y dressaient,
pour rappeler leur souvenir à la postérité.

On voit d’où proviennent les œuvres d'art retrouvées à Arles : d’une part, les
objets rares, les trésors qui ont échappé à la chute de la civilisation romaine, do
l’autre les monuments où le culte du Christ a mis son empreinte, et qui semblaient
'eux-mêmes assurés d’une plus grande durée.

Le sol de celte ville, qui fut bouleversée tant de fois, assiégée, prise d’assaut,
renfermait un grand nombre de richesses cachées sous des ruines. Les débris
du passé ont été peu à peu exhumés; des hasards heureux ont permis de remettre
au jour bien des morceaux, qui n’avaient pas été atteints par une destruction totale.
On pourrait faire le compte de toutes ces trouvailles, de ces restitutions succes-
sives. Et que de conquêtes se produisent encore, presque à Timproviste! 11 y a deux
ans, les travaux de la ligne des chemins de fer de la Camargue amenaient la décou-
verte d’un sarcophage en marbre blanc, représentant sur ses quatre faces, les
principaux épisodes de l’histoire de Phèdre et d’Ilippolyle. Le Musée s’est augmenté,
sans aucune difficulté, après une négociation couronnée de succès, de ce monu-
ment qui lui a été offert par la Compagnie, et dont chaque détail décèle une
remarquable exécution.

Avant de nous arrêter devant des chefs-d’œuvre pareils à celui que nous venons
de mentionner et qui sont disséminés dans chacune des anciennes chapelles de
l’église, il ne nous paraît pas inutile d’exprimer un regret, partagé certainement
par bien des visiteurs, au sujet de l’absence de catalogue. La rédaction d’un
inventaire méthodique et raisonné, sans lequel l’étude de cette rare collection est
impossible, s’impose absolument.

Les ruines du Théâtre nous ont livré quelques débris qui témoignent d’une
réelle grandeur. Nous pouvons admirer pleinement des détails d’ornementation
d’un travail très achevé, une statue tragique de Médée, et deux statues de
danseuses, qui, bien que mutilées, conservent une superbe allure. Et que dire de ce
buste de déesse, Aphrodite aux cheveux ondulés, dont le nez est malheureusement
brisé, et qui nous offre un chef-d’œuvre comparable aux plus beaux de l’ancienne
Grèce? C’est un morceau célèbre, et c’est la perle du Musée *. Voici un autel élevé
à Apollon, et qui a été retrouvé au centre de l’avant-scène du Théâtre. 11 est sculpté
sur trois faces : au milieu est figuré le jeune dieu, appuyé sur sa lyre, et gardant
près de lui le trépied de Delphes. Sur un des côtés du monument, on reconnaît

L Voir sur les diverses représentations de Vénus dans l’art antique le beau livre du
Dr J.-J. Bernoulli, Aphrodite (Leipzig, Engelmann, 1878), où figure une bonne reproduc-
tion du buste d’Arles.
 
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