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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0185
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

place au Musée d’Anvers, le tableau en question venait de passer en vente publi-
que, à Londres, et s’adjugeait au prix de 21,000 francs? N’eùt-il pas clé préférable
que le Musée d'Anvers, et par contre-coup l’État, bénéficiassent de la différence?
L’acquisition par elle-même n’en mérite pas moins d’être approuvée sincèrement.

Une gravure de Bolsvvert reproduit la composition de Rubens, rangée parmi
les paysages. 11 s’agit, en effet, d une donnée purement rustique, un intérieur
d’étable, où le fils prodigue intervient à titre d’accessoire. Rubens a peint plusieurs
intérieurs du même genre; l’un, notamment, fait partie de la collection
Oppenheim, à Cologne. A n’cn pouvoir douter, le tableau qui nous occupe est des
premières années qui suivirent le retour de son auteur aux Pays-Bas. C’est du
Rubens précis, contenu, très appuyé, dont la froideur contraste avec l’expansion
prochaine que serviront si remarquablement les auxiliaires en voie de formation.
Celte dissemblance à Anvers même, a fait naître des doutes sur l’authenticité d’une
peinture indiscutable et de la meilleure qualité, intéressante précisément parce
quelle nous montre le puissant coloriste en quelque sorte dans l’intimité de
son talent.

Simultanément avec le Musée d’Anvers, celui de Bruxelles faisait l’acquisition
au même vendeur, et au prix de 30,000 francs ‘, d’un autre Rubens, aussi de petit
format, — 86 centimètres sur 71, — appartenant à l’abondante série d’études prépa-
ratoires au plafond de la salle des banquets de Whitehall. Celte nouvelle acquisi-
tion du Musée de Bruxelles, extraordinairement poussée, ne saurait être dénommée
esquisse. Un travail de celte précision a pu parfaitement servir de guide pour la
peinture d’ensemble qui, sans doute, ne mérita jamais de compter parmi les chefs-
d'œuvre de son auteur et ne se montre plus aujourd’hui qu’à l’état de ruine. Le
fragment de Bruxelles forme la partie centrale du plafond : Jacques 1er y est sur un
irono, protégé par Minerve contre la Guerre, figurée par un guerrier tenant une
torche, et par la Discorde. Composition grandiose, pleine d’élan, d'un coloris puis-
sant et harmonieux, d’une exécution presque trop soignée. « En général, dit
M. Rooses dans une note récente, la variété des tons et des nuances est très riche,
mais ils sont rudement, sommairement accentués, au lieu d’être liés et fondus
comme dans un tableau de maître de la même époque. Morceau entièrement fie
la main du Maître, » ajoute l’auteur. .Te n’ose, pour ma part, aller jusque-là.
Sans contester à la peinture les qualités qui font sa valeur, la louche de Rubens
et même son coloris ne paraissent pas s’y présenter purs de tout mélange : van Dyck
aurait passé par là qu’on n’cn serait pas surpris. La Minerve est, en effet, bien
plus proche de son type que de celui adopté par Rubens; et, positivement, la
draperie de la déesse, surtout la facture de son pied, feraient songer plutôt à
l’élève qu’au maître. Naturellement, il s’agirait de van Dyck jeune, tel par exemple
que, déjà, nous le voyons au Musée de Bruxelles même, dans cette page magistrale
que Rubens eût pu signer sans déchoir : l'Ivresse de Silène.

Les lecteurs de la Gazette n’auront pas oublié qu’à la vente Leys il fut impossible
de trouver adjudication pour les peintures murales dont le maître avait décoré sa
salle à manger. Personne assurément ne pouvait songer à méconnaître Tim- 1

1. Le Musée de Cologne n’a. pas payé davantage le grandiose Rubens de la collection
de lord Dudley : Junon et Argus, création de premier ordre.
 
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