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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0184

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE.

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du portrait, le puissant artiste était représenté à Bruxelles dans tous les genres et
d’une manière absolument brillante. Inutile de rappeler les Dons de l'Automne,
le Satyre et le Passant, le Saint Martin exorcisant un possédé, la magistrale esquisse
du Triomphe de Frédéric Henri de Nassau, toutes choses que peuvent envier les
plus riches musées de l’Europe.

Au dire des journaux, le Pan nouvellement acquis aurait coulé -12,000 francs.
A mon humble avis, c’est beaucoup trop, surtout si l’on songe qu'un rentoilage a
fait perdre à la peinture une notable partie de son accent. Un second Jordaëns
est venu, depuis, se joindre à la liste. Celui-ci, du moins, représente le maître
sous un jour plus avantageux. Il s’agit d’une Suzanne ayant appartenu à feu
Arthur Stevens, morceau robuste, vulgaire de type et de coloration, ce qui ne
l’empêche pas d’être digne de son auteur par sa remarquable puissance de modelé.
Offert en vente à diverses reprises, par son précédent propriétaire, ce tableau
n’avait pas trouvé amateur; 20,000 francs ont été affectés à. son achat.

Sir Frédéric Burton, à qui j’exprimais un jour ma surprise de ne rien trouver
de Jordaëns àia National Gallery, répondit que les occasions ne lui avaient point
manqué de combler cette lacune, mais qu’il n’entendait admettre dans son musée
que les meilleurs spécimens des maîtres. C’était parler en conservateur soucieux
de sa mission, c’est-à-dire en homme tenu, par profession même, d’être infa-
tigable en sa recherche des créations les plus propres à contribuer au relief de la
galerie qu’il administre et non moins soucieux d'en combler les lacunes. En Belgi-
que, on a jugé meilleur de confier ces devoirs à des commissions, système très
controversable. 11 faut à la tête des collections des hommes responsables, ce qui,
du reste, pas plus en Belgique qu’aillcurs, n’exclut la coexistence d’une commis-
sion. Inutile d’insister. Ce qu’il importe d’abord, c’est que l’accroissement des
collections publiques soit poursuivi avec méthode et sans relâche, sans qu’on se
préoccupe du hasard des offres qui peuvent être faites à un comité. Que l’auto-
cratie des directeurs de musées semble dangereuse, soit. Ce qui pourtant ne saurait
être superflu, c’est le concours de leur activité, de leur expérience et de leur
savoir. Quiconque a vu à l’œuvre les directeurs des galeries de Berlin, de
Casse], de Londres, de La Haye, sans parler de nombre d’autres, a dù se con-
vaincre de ce que leur zèle a pu faire pour le prestige et l’enrichissement des
galeries dont l’administration leur incombe.

Question d’argent, dit-on en Belgique. Dans une mesure peut-être, mais les prix
payés par les musées belges et que rapportent de temps à autre les journaux sont
égaux et supérieurs parfois à ceux payés, d’une manière courante, par les plus
opulentes galeries de l’Europe. Anvers, où l’on a trouvé 240,000 francs pour le Mem-
ling acheté ces jours-ci, n’a pas hésité à donner 200,000 francs pour son dernier
Rembrandt; Bruxelles a payé une somme égale le fâcheux portrait de famille attribué
à van Dyck, la somme la plus élevée qu’ait été cotée jusqu’à ce jour une œuvre
du maître; 100,000 francs un Hobbema. Inutile d’allonger la liste. En consentant à
des prix pareils, ou n’encourt point le reproche de lésinerie. En tout dernier lieu,
Anvers, avecle concours du gouvernement, a affecté une somme de 45,000 francs à
l’acquisition d’un excellent petit Rubens, VEnfant prodigue, panneau certainement
tout entier de la main du maître, dont, au surplus, il décora la galerie jusqu’à
son décès. N’est-iJ pas vexant d’apprendre, après coup, par une note de M. Booses,
dans le dernier fascicule du Bulletin Rubens, que, fout à la veille d’occuper sa
xiv. — 3” période. 22
 
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