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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0186

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE.

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portance d’un ensemble qui, mieux que nul autre, mérite d’être envisagé comme
l’expression éloquente des tendances de son auteur. Par malheur, des conditions
terriblement onéreuses étaient imposées à l’acquéreur éventuel. Outre quJil devait,
à ses frais, risques et périls, faire détacher de la paroi cette longue frise peinte à
même la chaux du mur, il avait, de plus, à remettre le salon en état. Si, d’une
part, il y avait de quoi donner à réfléchir aux plus entreprenants, de l’autre une-
circonstance plus grave devait contribuer à borner les enchères : une partie de la
fresque, celle précisément où Leys s'est représenté avec sa famille, a été détériorée
par le feu du vaste foyer qu’elle surmonte, au point que, même réussie, la délicate
opération du transfert sur toile ne donnera jamais, pour cette partie, qu’un
résultat en quelque sorte négatif. Bref, la vente ne marcha pas et il semblait résolu
que l’acquéreur de l’immeuble aurait devant l’histoire la responsabilité grave du
sort des peintures, si bien que ce qui donnait à l’ancienne demeure de Leys sa prin-
cipale valeur se trouvait être pour elle une source de dépréciation. La municipalité
d’Anvers s’est finalement mise d’accord avec les représentants de la famille pour
faire l’acquisition des fresques, lesquelles cependant devront lui être livrées après
transport sur toile et, les experts entendus, décoreront, à 1 ’llùtei de Ville, une
salle voisine de celle où le pinceau de Leys a résumé en quelques épisodes mar-
quants l'histoire communale d’Anvers. Toutefois, en supposant la réussite com-
plète, il restera toujours à parfaire le morceau endommagé. S’il ne manque pas
à Anvers d’artistes habiles, autre chose est de créer, autre chose de faire abstrac-
tion de soi-même, au point que, pour le spectateur, Leys soit ici tout entier sans
intervention étrangère. On voit que si l’initiative de l’administration de la ville
d’Anvers mérite de lui valoir la sincère- reconnaissance du monde des arts, son
entreprise est loin encore d’être couronnée de succès.

D’Anvers nous vient une information fantaisiste au premier abord. Le
bourgmestre aurait, dans une récente séance du conseil communal, fait con-
naître aux édiles que le couronnement de la flèche de l’église de Notre-Dame est
dans un état de caducité alarmant. Tout réfléchi, la circonstance n’a rien qui doive
la faire envisager comme impossible. Omnia cadunt. Voici près de quatre
siècles que la flèche d’Anvers brave l’assaut des vents impétueux parfois
déchaînés sur le large fleuve que, de son sommet, l’on peut voir mêler ses eaux à
celles de la mer. Elle a servi de cible aux obus de la citadelle, et c’est presque
prodige, en somme, qu’elle ait été conservée intacte jusqu’au pinacle où se dresse
la croix et d’où, aux jours solennels, flottent les couleurs nationales. Je n’ai garde
d’omettre qu’il est veillé sans relâche au bon entretien de l'immense dentelle de
pierre. Et, précisément à cause de cela, on n’a pas accueilli sans incrédulité la
nouvelle à sensation donnée par certains journaux. 11 peut n’être pas hors de
propos de rappeler que la tour de Notre-Dame d'Anvers mit beaucoup de temps il
se compléter; Albert Dürer, dans son Journal de voyage, dit qu’elle « doit être »
plus haute que celle de Strasbourg. Certains auteurs assurent qu’elle fut abrégée
d’un étage. Ce qu’il y a d’incontestable, c'est qu’elle fut achevée en plein règne du
gothique flamboyant par un homme de génie, l’architecte de Waghemakerc, lequel
lui imprima ce cachet pittoresque qui la différencie heureusement de la plupart des
tours gothiques qui le lui disputent en élévation sans paraître toutefois d une hau-
teur égale à la sienne.
 
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