JEAN-BAPTISTE PERRONNEAU
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la sienne, Alexis Loir1, était admis le 30 avril 1746, moins sur la pré-
sentation de ses pastels qu’en considération de « ses talents pour
modeler », et quoique Perronneau n'ait pas été tenu de fournir le
même genre d’épreuve, ce furent cependant deux portraits à / huile,
ceux d’Oudry et d’Adam l’aîné, dont l’Académie lui imposa l’exécu-
tion avant de l’admettre définitivement.
En attendant qu’il acquittât ce double engagement, — et il mit
sept ans à se libérer, — le nouvel agréé usa sans tarder du droit
que lui conférait son titre d’exposer au salon de l’Académie Royale
et, le 23 août 1746, il entra en lice avec cinq portraits, dont trois
au pastel : le marquis d’Aubail (sic) en cuirasse, Hubert Drouais,
Gilcain (sic), le petit Demoyel tenant une poule huppée et un jeune
écolier, frère de l'auteur, tenant un livre.
Les érudits familiers avec l’histoire de nos provinces méridio-
nales connaissent tous l’important recueil de Pièces fugitives pour
servir à l'histoire de France (1748-1759, 3 vol. in-4°), publié par un
savant nîmois, Léon Ménard, avec la collaboration et très probable-
ment aux frais du marquis d’Aubais; mais les curieux, sous les
j eux de qui a passé la très belle estampe gravée par Daullé d’après
1 original de Perronneau, seraient tentés d’attribuer au modèle un
rôle militaire qu i! ne joua jamais. Sa famille, originaire d’Ombrie
et depuis longtemps établie dans les Cévcnnes, avait pris une part
importante aux luttes religieuses du xvi° siècle et son père, Louis,
baron d Aubais et du Cayla, avait payé de l'exil et de la confiscation
de ses biens son attachement à la foi protestante. Né au château de
Beau voisin, le 20 mars 1686, Charles de Baschi s’était vu, dès l’âge
de neul ans, enlevé a la sollicitation de Fléchier, par ordre du roi,
conduit au collège de Clermont à Paris et converti au catholicisme.
Un serviteur dévoué avait réussi toutefois à le dérober aux Jésuites;
mais il fut repris sur la route de Genève et renfermé de nouveau
jusqu à sa majorité. A part ce romanesque épisode, la vie de Charles
de Baschi d Aubais n ollre que peu d’incidents. Rentré en possession
du bien paternel, marié des 1708 à Diane de Rozel, dame de Cors et
di Beaumont, qui lui donna quatre enfants, il se consacra exclusi-
sivementaux recherches historiques et rassembla dans son château
de Beauvoisin 1 une des bibliothèques les plus nombreuses de la
région. « Elle est remplie, écrivait Baudelot de Dairval, des meilleurs
'• A°h '(' niémoire de M. Paul Lafond sur Alexis Loir et Marianne Loir, pré-
-i.n t, en 1892 à la réunion des Sociélés des Boaux-Arls (16° session pp. 365-377).
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la sienne, Alexis Loir1, était admis le 30 avril 1746, moins sur la pré-
sentation de ses pastels qu’en considération de « ses talents pour
modeler », et quoique Perronneau n'ait pas été tenu de fournir le
même genre d’épreuve, ce furent cependant deux portraits à / huile,
ceux d’Oudry et d’Adam l’aîné, dont l’Académie lui imposa l’exécu-
tion avant de l’admettre définitivement.
En attendant qu’il acquittât ce double engagement, — et il mit
sept ans à se libérer, — le nouvel agréé usa sans tarder du droit
que lui conférait son titre d’exposer au salon de l’Académie Royale
et, le 23 août 1746, il entra en lice avec cinq portraits, dont trois
au pastel : le marquis d’Aubail (sic) en cuirasse, Hubert Drouais,
Gilcain (sic), le petit Demoyel tenant une poule huppée et un jeune
écolier, frère de l'auteur, tenant un livre.
Les érudits familiers avec l’histoire de nos provinces méridio-
nales connaissent tous l’important recueil de Pièces fugitives pour
servir à l'histoire de France (1748-1759, 3 vol. in-4°), publié par un
savant nîmois, Léon Ménard, avec la collaboration et très probable-
ment aux frais du marquis d’Aubais; mais les curieux, sous les
j eux de qui a passé la très belle estampe gravée par Daullé d’après
1 original de Perronneau, seraient tentés d’attribuer au modèle un
rôle militaire qu i! ne joua jamais. Sa famille, originaire d’Ombrie
et depuis longtemps établie dans les Cévcnnes, avait pris une part
importante aux luttes religieuses du xvi° siècle et son père, Louis,
baron d Aubais et du Cayla, avait payé de l'exil et de la confiscation
de ses biens son attachement à la foi protestante. Né au château de
Beau voisin, le 20 mars 1686, Charles de Baschi s’était vu, dès l’âge
de neul ans, enlevé a la sollicitation de Fléchier, par ordre du roi,
conduit au collège de Clermont à Paris et converti au catholicisme.
Un serviteur dévoué avait réussi toutefois à le dérober aux Jésuites;
mais il fut repris sur la route de Genève et renfermé de nouveau
jusqu à sa majorité. A part ce romanesque épisode, la vie de Charles
de Baschi d Aubais n ollre que peu d’incidents. Rentré en possession
du bien paternel, marié des 1708 à Diane de Rozel, dame de Cors et
di Beaumont, qui lui donna quatre enfants, il se consacra exclusi-
sivementaux recherches historiques et rassembla dans son château
de Beauvoisin 1 une des bibliothèques les plus nombreuses de la
région. « Elle est remplie, écrivait Baudelot de Dairval, des meilleurs
'• A°h '(' niémoire de M. Paul Lafond sur Alexis Loir et Marianne Loir, pré-
-i.n t, en 1892 à la réunion des Sociélés des Boaux-Arls (16° session pp. 365-377).