LE MUSÉE DE BÂLE
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originaire d’Utrecht, s’occupait dans une salle de la Chartreuse,
à la transcription et à l'illustration d’une Bible. Il avait sans doute
connu dans les Flandres les œuvres de Hubert et de Jan van Eyck ;
sa manière est assez élégante ; son exécution surprend par la finesse
et la fermeté du modelé.
Nous devons tenir compte aussi, pour la comparer aux œuvres
de ces précurseurs, d’une précieuse miniature du Livre de Féodalité,
le Lehenbuch, où est représenté l’évêque Friedrich zc Rhin, recevant
l’hommage de ses féaux.
Un autre peintre, Peter Malenstein, a exécuté, vers 1455, un Juge-
ment dernier, pour l’église des Cordeliers. Son nom est inscrit dans un
des registres de dépenses de l’administration. Malenstein représente
une époque de transition ; il échappe aux procédés étroits du moyeu
âge et subit l’influence nouvelle, celle qui vient des Pays-Bas.
Un reflet du mouvement artistique des régions du Nord devait,
en effet, se faire sentir à Bâle. Les maîtres néerlandais, après les
maîtres rhénans, transmettaient leurs procédés aux peintres indi-
gènes. On peut noter l’imitation de la Hollande dans la célèbre
Danse des Morts, peinte pour le cloître des Dominicains. Pendant ce
temps, les anciennes industries d’art continuaient à mettre au jour
leurs productions populaires. Des peintres d’images de saints, artistes
et artisans à la fois, se livraient à un genre de travail facile, qui
devait bientôt se trouver vulgarisé par les procédés de la xylogra-
phie. D’autres artistes coloriaient les feuillets du Livre Matricule de
l’Université, et y jetaient, à propos d’une admission, quelque orne-
mentation élégante. La miniature initiale, celle qui rappelait la
fondation, avait tout d’abord été exécutée avec beaucoup de soin et
d’adresse. Un gracieux pinceau avait retracé l’évêque Johann von
Venningen remettant solennellement la bulle au bourgmestre de
Bâle. Celui-ci et le premier recteur la reçoivent à genoux. Derrière
l’évêque se tiennent les professeurs, les élèves, les assistants de
toute classe, suivant curieusement les détails de la cérémonie.
Chaque œuvre qui date de cette période, chaque peinture répon-
dant à une conception originale, représente pour Part local une acqui-
sition et une conquête. Malheureusement, par une fatale occurrence,
peu de productions du xv° siècle devaient parvenir jusqu’à nous. Plus
terribles que les tremblements de terre cl les bouleversements de la
nature, les ravages des iconoclastes et la grande destruction de
1529 portèrent le coup de grâce à l’art ecclésiastique ; bien des
panneaux, bien des décorations murales commandées par le clergé,
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originaire d’Utrecht, s’occupait dans une salle de la Chartreuse,
à la transcription et à l'illustration d’une Bible. Il avait sans doute
connu dans les Flandres les œuvres de Hubert et de Jan van Eyck ;
sa manière est assez élégante ; son exécution surprend par la finesse
et la fermeté du modelé.
Nous devons tenir compte aussi, pour la comparer aux œuvres
de ces précurseurs, d’une précieuse miniature du Livre de Féodalité,
le Lehenbuch, où est représenté l’évêque Friedrich zc Rhin, recevant
l’hommage de ses féaux.
Un autre peintre, Peter Malenstein, a exécuté, vers 1455, un Juge-
ment dernier, pour l’église des Cordeliers. Son nom est inscrit dans un
des registres de dépenses de l’administration. Malenstein représente
une époque de transition ; il échappe aux procédés étroits du moyeu
âge et subit l’influence nouvelle, celle qui vient des Pays-Bas.
Un reflet du mouvement artistique des régions du Nord devait,
en effet, se faire sentir à Bâle. Les maîtres néerlandais, après les
maîtres rhénans, transmettaient leurs procédés aux peintres indi-
gènes. On peut noter l’imitation de la Hollande dans la célèbre
Danse des Morts, peinte pour le cloître des Dominicains. Pendant ce
temps, les anciennes industries d’art continuaient à mettre au jour
leurs productions populaires. Des peintres d’images de saints, artistes
et artisans à la fois, se livraient à un genre de travail facile, qui
devait bientôt se trouver vulgarisé par les procédés de la xylogra-
phie. D’autres artistes coloriaient les feuillets du Livre Matricule de
l’Université, et y jetaient, à propos d’une admission, quelque orne-
mentation élégante. La miniature initiale, celle qui rappelait la
fondation, avait tout d’abord été exécutée avec beaucoup de soin et
d’adresse. Un gracieux pinceau avait retracé l’évêque Johann von
Venningen remettant solennellement la bulle au bourgmestre de
Bâle. Celui-ci et le premier recteur la reçoivent à genoux. Derrière
l’évêque se tiennent les professeurs, les élèves, les assistants de
toute classe, suivant curieusement les détails de la cérémonie.
Chaque œuvre qui date de cette période, chaque peinture répon-
dant à une conception originale, représente pour Part local une acqui-
sition et une conquête. Malheureusement, par une fatale occurrence,
peu de productions du xv° siècle devaient parvenir jusqu’à nous. Plus
terribles que les tremblements de terre cl les bouleversements de la
nature, les ravages des iconoclastes et la grande destruction de
1529 portèrent le coup de grâce à l’art ecclésiastique ; bien des
panneaux, bien des décorations murales commandées par le clergé,