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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Michel, Émile: Les portraits de Lorenzo Lotto
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0043

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

peints pour les églises ou les sanctuaires de l'Italie tiennent dans
son œuvre la place la plus importante, c’est dans ses portraits, à
notre avis, que Lotto a mis le meilleur de lui-même et manifesté
tout son mérite. Scs compositions religieuses, d’ailleurs, tirent
surtout leur prix do la diversité des types qu’il y introduit. Ce no
sont, à vrai dire, que des réunions de portraits, pleins de vie et
d’expression, parmi lesquels nous retrouvons fréquemment quelques-
uns des personnages qu’il a peints isolément, car, dans ses produc-
tions les plus mystiques, on sont toujours cet amour de la nature
et cette étude attentive do la réalité sans lesquels il ne saurait y
avoir d’artiste accompli.

En même temps qu’il a représenté ses modèles dans l’intimité
de leur vie intérieure, et que chacune des images qu’il nous en
montre est intéressante par la franchise du caractère individuel,
l’ensemble des portraits de Eotto nous paraît constituer une con-
fession personnelle, qui nous révèle non seulement les côtés signi-
ficatifs de son talent, mais sa façon de comprendre la vie, les
séductions comme les dangers qu’y rencontre cette âme tendre et
loyale, souvent troublée, toujours avide de perfection, qui cherche à
prémunir les autres contre les tentations de la volupté et à triompher
lui-même des faiblesses de sa nature. Je sais que, dans des appré-
ciations de cette sorte, la critique, naturellement portée à simplifier
les éléments d’information dont (die dispose pour les ramener à
une trompeuse unité, prête trop souvent à un artiste des intentions
qu'il n’a pas eues. Mais ici les faits sont assez nombreux et assez
formels pour nous convaincre, et, sans craindre d’être accusé de
paradoxe, c’est avec confiance que je les soumets au jugement de
mes lecteurs.

Il convient, tout d’abord, d’établir entre les portraits peints par
Lotto deux catégories: ceux dans lesquels, ayant en face de lui des
clients inconnus ou peu familiers, il a dû simplement s’attacher à
les représenter tels qu'ils étaient, sans autre souci que celui d’une
ressemblance fidèle. Parmi ces portraits, nous citerons celui du
protonotaire Giuliano (National Gallery), exécuté vers lh22, un
visage imberbe, maigre, d’aspect austère ; celui de jeune homme,
du Musée de Berlin, dont l’expression grave et un peu triste con-
traste avec celle d’un autre portrait de ce même musée, un archi-
tecte à la figure mâle et pleine d’énergie; enfin, les trois portraits
du Musée Brera, datant de la fin de la vie du maître, de 11543 à 11544 :
celui d’un vieillard aux yeux clairs, coiffé d’un béret et vêtu d’une
 
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