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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Maulde la Clavière, Marie Alphonse Réne de: Jean Perréal, dit Jean de Paris, 2: sa vie et son œuvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0068

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

santé, et i] y aurait sans doute laissé la vie, sans son ami Symphorien
Champier1, qu’une bonne fortune amena là, comme médecin du duc
de Lorraine, à point nommé pour l’arracher des « maschoires de la
mort ». Finalement, Perréal revint sain et sauf, mieux en cour
que jamais : « J'y ai eu plus de danger que de mal, » écrivait-il
avec son humour habituel2. La reine, en quittant Lyon, le chargea
d’exprimer ses remerciements à la ville, et le consulat, dans une
délibération du 23 août, recommanda lui-même la ville aux bons
offices de son éminent concitoyen : c’est à Perréal aussi qu’on s’était
adressé pour savoir quelle réception désirait le roi. Il était l’homme
du jour, et l’originalité de son caractère obligeait évidemment à le
traiter avec bien des ménagements3.

Nous n’avons plus parlé de Marguerite d’Autriche ; Perréal
semblait l’avoir oubliée, et cela pour deux raisons : d’abord, il ne
recevait pas la pension promise, et, ensuite, il entendait diriger
les choses et ne pas se laisser arrêter par de mesquines objec-
tions d’économie. Il fit l’effort d’aller à Bourg exposer ses devis
au conseil de Bresse, et, selon lui, il déploya une extrême modéra-
tion, sans dissimuler toutefois qu’il visait à la perfection et qu’il
voulait le concours des meilleurs artistes. Or on prétendait lui im-
poser un sculpteur au rabais, un certain Thibaut, qui avait déjà
touché un acompte de 300 livres. Le débat dura plus d’une semaine;
on juge si Thibaut subit les attaques d’une verve caustique et passa-
blement altière. Perréal avouait avoir « marchandé », sinon avec

1. P. Allut, Symphorien Champier (Lyon, Scheuring, 1858), p. 18. Cf. l’épître
de Champier, datée de Nancy, en tête du Recueil ou croniques des hystoires des
royaulmes d’Austrasie. Champier, l’ami de Perréal, témoigne lui-même, dans ses
productions, d’un caractère extrêmement bizarre et original.

2. Sa lettre du 15 novembre 1509, à Marguerite d’Autriche.

3. Cornélius Agrippa écrit de Dole, en 1509, à un ami : « Les lettres que
l’illustre Perréal vous a écrites de Lyon, et que vous m’avez communiquées,
m’ont bien montré tout le soin que vous prenez de mon honneur et de ma répu-
tation; vous avez plus que rempli mon attente, vous avez dépassé mes vœux,
puisque vous avez non seulement traduit mon dernier discours, mais que vous
lui avez fait faire son chemin à Lyon, près des personnes surtout dont le juge-
ment ne peut que m’honorer. D’après la lettre de ce magnifique chambellan et
d’après ce que vous m’en dites, c’est un homme à qui nous avons plutôt à
demander des enseignements qu’à en donner sur quoi que ce soit. Vous voulez
cependant que je réponde à ses questions..., etc. ». 11 est à remarquer que
Cornélius Agrippa, dans ce texte, appelle encore notre artiste « Perréal »; plus
tard il ne l’appellera plus que « Jean de Paris ».
 
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