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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 2
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Bonnaffé, Edmond: À propos du trésor de Bosco Reale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0123

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À PROPOS DU TRÉSOR DE ROSCO REALE

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— et ses qualités, s’il vous plaît. Mais voulez-vous savoir quelle est
son utilité? promenez-vous au Louvre, à Cluny, à la Bibliothèque;
interrogez les tableaux, les livres, les statues, les estampes, les
bronzes, les marbres, les ivoires, ils vous répondront : « Moi, je suis
la porte de Crémone, et c’est Vaïsse qui m’a fait entrer au musée.
Moi, je suis la tête de bronze de Michel-Ange modelée par le maître
lui-même; je suis la Sainte Élisabeth de Raphaël, et c’est Eugène
Piot qui nous a léguées au Louvre. Moi, je sors du cabinet d’J Iis de
la Salle ; moi, du cabinet Duchùtel ; moi, de chez la marquise Visconti;
moi, de chez le duc de Luynes ; moi, de chez Spitzer ; moi, de chez
Albert Goupil. Moi, je suis la collection du Sommerard, la collection
Sauvageot, la collection Davillier, la collection Timbal, la collection
d’IIennin, la collection Lacaze », que sais-je encore ? hier, la collec-
tion Grandidier, aujourd’hui le trésor antique de Bosco Rcale, de-
main la collection Leroux. Et tant qu’il y aura un musée en France,
les plus beaux chefs-d’œuvre se dresseront pour dire : « C’est un
tel, un amateur, qui nous a donnés, pour l'honneur de son pays et
l’enseignement des générations futures. »

On prétend que la curiosité est née d’hier; encore une illusion
dont nos contemporains devraient bien se défaire. L’origine de la
curiosité se perd dans la nuit des temps et, sans aller plus loin, le
vieux Romain qui possédait l’argenterie de Bosco Reale est un curieux
dans toute l’acception moderne du mot. Il avait réuni une collection
de vases purement décoratifs, échantillons d’époques el de nationalités
diverses, achetés à des propriétaires différents, comme l’indiquent les
noms tracés sur chaque pièce; il fait donc partie de la grande famille
des collectionneurs; c’est un ancêtre, et je le salue au passage.

Jadis, — il y a vingt-huit ans, — j’ai promené le lecteur parmi
les grandes collections romaines1, chez Sylla, Lucullus, César,
Pollion, Pompée, Cicéron, Atticus, Antoine, dans les jardins de
Salluste et dans les galeries de Verrès, le plus terrible collection-
neur de son temps.

«Je nie, disait Cicéron, que dans toute la Sicile, dans cette pro-
vince si riche, si ancienne, parmi tant de cités et de familles opu-
lentes, il y ait un seul vase d’argent, un seul bronze de Corinthe ou
de Délos, une seule pierre précieuse, une seule perle, un seul ouvrage
en or ou en ivoire, une seule statue de bronze, de marbre ou d’ivoire ;
je nie qu’il y ait une seule peinture, une seule tapisserie que

I. Les Collectionneurs de Vancienne Home, Paris, Aubry, 1867.

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xv, — 3’ pfin iode,
 
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