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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 2
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Tourneux, Maurice: Jean-Baptiste Perronneau, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0152

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

lièrement reconnaissant, comme en témoigne la lettre inédite
suivante, qui renferme aussi plus d’une énigme probablement à
jamais insoluble1.

Monsieur,

Il i a lontemps que j’aurois eu l’honneur de vous écrire si je n’avois eu
envie de voire monsieur Bachelier, qui est introuvable, estant à la Cour ou
à Sèvres : je l’ay vu et lui ay fait vos compliments, et aussi sur plusieurs de
ses ouvrages dont il fait une lotterie ; c’est très beau. Il nous a donné un
grand tableau d’une Résurrection1 2,peint d’une manière trouvée par M. le c.
de Queylus, qui est de peindre à fraisque et, quand cela est fini, de passer
de l’huile par derrière. Je ne croi pas cette façon bonne.

Je ne vous ay point écrit aussi pareequ’étant arrivé à Paris, j’ay trouvé
les affaires de famille pour des partages et arrérages de terre si embrouillé
quej’ay esté obligé d’aller en Champagne où tout est terminé et arangé.
J’y ai trouvé de la mauvaise foix, du moins de la négligence pour des orfe-
lins, des maisons point loué depuis quatre ans, des réparations exor-
bitante, enfin le revenu depuis la mort de mon beau-père sans fruit. Quant
à Paris, il n’i a point d’argent, beaucoup de manquemant de parolle de gens
qui ne paient qu’en parti. Enfin j’ay hâté mon voyage d’Italie affin de ter-
miné mes affaires et aussi de me montré au sallon ; mais je le continuerai
peut-estre cet hivert; je verrai Milan, Gennes, etc. C’est Msr le prince
Charles qui me décidera : il est fâché que depuis quatre ans son grand
portraict ne soit pas fini3.

Je ne puis assé vous remercier à tout égard des bontés dont vous
m’avez honoré à Lion; j’en sens tout le prix. C’est aussi par le sincère
attachement que j’ay pour vous, monsieur, quej’ay été mortifié de ce que
vousprite dans un sens moins avantageux la lettre que j’eu l’honneur de vous

1. Cette lettre, dont l’autographe m’appartient, et celles qu’a publiées jadis
M. Jules Dumesnil (voir plus loin), sont, à ma connaissance, les seules lettres de
Perronneau qui nous soient parvenues; il n’en a passé aucune dans le commerce,
car j’ai tout lieu de croire qu’une lettre signée de ce nom, adressée à M. de La
Tour, secrétaire du Roi (vente Parison, 1850, n° 106), émanait d’un des homonymes
du peintre, substitut du procureur général au Parlement, tout comme une autre
lettre du même personnage, retrouvée dans les papiers du prince Xavier de
Saxe et conservée aux archives départementales de l’Aube. J’ai respecté dans
cette transcription l’orthographe qui est déplorable, mais j’ai rétabli la ponc-
tuation presque partout absente ou défectueuse.

2. La Résurrection de Jésus-Christ, peinte à l’encaustique, a figuré au Salon de
1759 avant d'être placée à Saint-Sulpice.

3. Comment le grand portrait du prince Charles, exposé au Salon de 1755,
n’était-il pas terminé en 1759 ? Peut-être s’agissait-il d’une répétition.
 
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