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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 2
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Leprieur, Paul: Le centenaire de la lithographie, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0160

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

médiocrement, à en juger par deux seules tentatives faites en
1817, scènes orientales, dont la minceur d’effet et l’emphase un peu
vide ne sont pas sensiblement au-dessus du Cosaque, de Lejeune.
Prud’hon lui-même, qui semblait si bien né et choisi d’avance pour
tirer du procédé tout ce qu’il peut donner de velouté et de grâce,
ne s’y décide que tard, en 1822, à la veille de sa mort, en pleine
vogue commençante, laissant d’ailleurs dans sa Famille malheureuse,
comme dans YEnfant au chien et dans la Lecture, d’exquis modèles
d’interprétation et de sentiment. Ingres enfin, en 1825 seulement,
crayonne son éternelle Odalisque, tant de fois prise et reprise, et
oit il croyait bonnement, sans doute, refaire la Vénus du Titien.

Il y eut quelques exceptions, toutefois, à la règle, et où de plus
âgés en remontrèrent même aux jeunes pour l’ardeur d’enthou-
siasme et de foi. Parmi les plus nettement décidés en faveur du sys-
tème, et qui, par la parole ou l’exemple, lirent certainement le plus
pour son succès, il faut citer en première ligne les deux Vernet, Carie
et Horace, le père peut-être encore plus que le fils, quoique approchant
de la soixantaine, mais ayant gardé toute sa flamme et son entrain
de jeunesse. Dès 1810, ils ont le crayon en main, et c’est entre eux
une rivalité d’adresse dans ce travail enlevé et facile, vers lequel ils
vont comme à un sport ou à une mode bien portée. Un reste de par-
fum et do grâce xvin0 siècle chez l’un, un peu plus de modernité
chez l’autre, c’est tout ce qui les distingue. Encore le plus souvent
leurs œuvres se confondent, chevaux et chasses, soldats, scènes de
la rue, et Horace, au début, n'est qu’une doublure de Carie. Le père,
en plus d’une occasion, fut même l’instigateur, et on peut supposer
s’il applaudissait, quand ce grand garçon dont il était fier troussait
« en dix minutes » un hussard ou un grenadier. Ces esprits aimables
et peu profonds, par leur situation mondaine établie, leur réputa-
tion, leurs amitiés nombreuses, lirent plus pour lancer le genre que
tous les efforts réunis de Lasteyrie, d’Engelmann et de Delpech, qui
venait de s’établir à son tour. Leur manière égale et grise, leurs
sujets furent longtemps regardés comme le suprême bon ton. Ce fut
à qui s’y mettrait. Ce qui reste la part personnelle d’Horace, c’est
le petit soldat français, fricoteur, maraudeur, ayant toujours le mot
pour rire et la réplique prête, type médiocrement relevé, mais fait
pour plaire à un peuple ami du vaudeville, qu’il a vu le premier et
dont le succès fut énorme. Il commence aussi à glisser çà et là l’empe-
reur, et, en art au moins, la légende napoléonienne est partie de lui.

Ami et contemporain de Carie Vernet, Jean-Baptiste Isabey,
 
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