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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 3
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Yriarte, Charles: Isabelle d'Este et les artistes de son temps, 5, Relations d'Isabelle avec Giovanni Bellini
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0239

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224

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

rapporte au jugement de Lorenzo, soit qu’elle ait eu un autre avis favo-
rable sur le mérite de l’œuvre par lettre du Magnifique Alvise, le
tableau étant encore dans l’atelier du maître, la marquise lui écrit
en termes pesés et, tout en exprimant sa satisfaction, elle se montre
sous le coup de l’injure reçue :

9 juillet 1504.— « Maître Zoanne Bellino. La peinture que vous
avez exécutée en notre nom est digne de votre réputation, comme
nous l’espérions; nous en restons satisfaite; nous oublierons l’injure
que nous estimons avoir reçue par le fait do vos longs retards. Vous
consignerez la toile à Lorenzo di Pavia qui vous paiera les vingt-cinq
ducats que nous restons vous devoir; nous vous prions de faire
envelopper l'œuvre de manière à éviter tout danger....» Le 13 août,
désormais en possession de la toile, Isabelle accuse réception à
Lorenzo di Pavia, qui répond ainsi :

« Illustrissime Dame, j’ai compris, par votre lettre, que le tableau
a pu plaire à Votre Excellence, et j’en ai ressenti un vif plaisir.
Encore que je persiste à trouver que les figures sont trop petites,
l’œuvre est belle en vérité, mais le défaut vient de ce qu’on aurait
dû demander à l’artiste deux ou trois dessins et esquisses, et on aurait
choisi. On ne m’a jamais rien dit à ce sujet, le Bellini ne voulait
même pas me montrer son travail; si je l’avais vu, j’aurais pu lui faire

quelque objection. Si la peinture pouvait parler, elle pourrait se

lamenter d’avoir été exécutée sur une toile aussi restreinte.»

Par la lettre datée de Mantoue (13 juillet IfiOi), la marquise,
avisée par Lorenzo di Pavia de l’achèvement du tableau par le Bellini,
a bien voulu lui pardonner ses offenses: « Et vi remelteremo la inju-
ria che reputamo havere recevuta per la far dit a vostra »; de nouvelles
relations vont s’engager, qui nous prouvent que l’œuvre de Bellini,
encore que le peintre ait refusé de se plier à sa fantaisie de lui voir
exécuter une invenzione qui n’était pas de son génie, est cependant
d’un grand prix pour Isabelle ; elle le lui manifeste aussitôt, en
exprimant son désir d’avoir une nouvelle œuvre de sa main. Cette
fois encore, c’est à son studiolo que la marquise la destine.

Le cardinal Bembo, à la fois ami de la marquise et de l’artiste,
qui a exécuté pour lui un superbe portrait d’une personne qui lui
était chère, servira d’intermédiaire; dès le premier jour, on voit que
ce n’est pas trop d’un tel ambassadeur pour décider Bellini à renouer
les relations. Le 27 août 1305, après un séjour du cardinal à la cour
de Mantoue, Isabelle reçoit de lui la lettre suivante datée de Venise :

« Je n’ai pas oublié quej’avais promis à Votre Seigneurie d’em-
 
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