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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 3
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Maulde la Clavière, Marie Alphonse Réne de: Jean Perréal, dit Jean de Paris, 3: sa vie et son œuvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0259

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2U

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tranquille; simplement, sans clair-obscur et presque sans ombres, il
présente de grands seigneurs et de grandes dames, dont les ors, les
perles étincellent avec un brio étonnant, mais dont la physionomie
est pleine de réserve; il les donne, comme il les a toujours connus,
masques de cour, fins, pâles, où le sentiment, trahi plutôt qu’accusé,
se perd dans une distinction suprême ; on les reconnaîtrait entre
mille à leurs yeux clairs, à leurs bouches d’une exquise finesse, à un
modelé d’un fondu tout à fait étonnant.

A Lyon, bien au contraire, après Perréal, tourmenté, indivi-
duel. agissant, plein de cachet, nous rencontrerons cette lignée des
Corneille, que M. Bouchot nous a révélés, médiocres dessinateurs,
mais de trait et d’esprit vifs, avant tout amis du relief et de l'in-
dividualité, amusants, bons vivants, très volontiers souriants1 2.

La descendance des deux écoles nous montre bien la portée du
parallèle, institué un peu ironiquement par Lemaire, entre ce qu'il
appelle le genre « noble » et le genre de « la nature », quelque chose
comme ce qu’on nomme, en Italie, l’école romaine et l’école flo-
rentine.

Ainsi, d'après tous ces indices, nous devons chercher l'œuvre
caractéristique de Perréal dans des manuscrits, sous forme de
petits portraits-médaillons fortement individualisés, d'un genre peu
usité en Italie.

Or, un célèbre manuscrit contient une série de sept petits por-
traits, qui répondent quelque peu à ce programme. C’est le. livre de
la Guerre gallique (traduction libre des Commentaires de César),
exécuté pour François Ior ; ce livre se compose de trois volumes,
actuellement dispersés, le tome Ier au Musée britannique-, le tome II
à la Bibliothèque nationale de Paris 3, le tome III à Chantilly. La
préface que M. le baron de Noirmont a placée en tête de leur repro-
duction pour la Société des Bibliophiles français nous dispense
d’insister sur l'histoire de leurs vicissitudes. Chacun des précieux
volumes a régulièrement reçu, d un bout à l’autre, une illustration
de grisailles, datées et signées d’un G., qui signifie Godefroy le

1. Ajoutons que le miniaturiste attitré de la cour du comte d’Angoulême
à Cognac, qui était une sorte de dépendance de la cour de Moulins, Robinet
Testard, présente avec Perréal une parenté frappante comme portraitiste,
comme on peut voir par les portraits disséminés dans son Boccace (Bibliothèque
nationale, ms. fr. 599).

2. Ms. liarléien 6205.

3. Ms. fr. 13429.
 
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