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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de Leyde, patient, méthodique jusqu’à la moelle et maniéré, mi-
gnard, tout confit dans la grâce; il ne se serait permis ni une irré-
gularité violente comme celle-là, ni un beau faire, aussi solide, aussi
ferme que celui des médaillons1. Nous ne pouvons vraiment accor-
der à maître Godefroy que les pâles médailles, dans lesquelles une
bonne âme s’est ingéniée à encadrer l’impromptu.
M. Bouchot, enfin, dans la remarquable étude sur Les Cloael,
où il s’est, le premier, hardiment risqué parmi les méandres du
début du xvie siècle, retire ces médaillons à Godefroy, pour en faire
honneur à Jamct Clouet, et ici la discussion devient plus complexe.
M. Bouchot démontre que l’auteur des médaillons a d’abord
exécuté au crayon un croquis sommaire des personnages d’après
nature; nous reproduisons même, d’après lui, un de ces croquis,
apparenté aux pochades de Lyon, bien que, naturellement, plus mûr,
plus écrit.
M. Bouchot a retrouvé plusieurs de ces crayons2 : or, il les ren-
contre dans une ancienne collection de cour, qui contient aussi des
croquis attribués à François Clouet, et c’est pourquoi, après M. Dur-
rieu3, il suppose (mais en spécifiant bien qu’il s’agit d’une simple
supposition), que son portefeuille forme une sorte deraccolta fami-
liale, où l’on a dû joindre les dessins du père à ceux du fils, et du
moment où les dessins appartiennent à Jamet Clouet, il faut en dire
autant des miniatures.
Malgré les réserves expresses dont l’entoure son auteur, l’hypo-
thèse est honnête et même ingénieuse. Pourtant, nous croyons pou-
voir lui opposer une observation, que nous empruntons à M. Bouchot
lui-même, et qui nous paraît de conséquence.
On connaît, comme l’a montré notre habile confrère, une œuvre
authentique de Jamet Clouet; elle a disparu...., mais Thevet, au xvie
siècle, en a donné une gravure. Celle-ci, qui représente un savant
nommé Oronce Fine, est défectueuse et, malgré tout, elle confirme
pratiquement et en traits parlants notre première impression sur
1. Godefroy signe et date chacune de ses productions, et aucun des médail-
lons ne porte une mention quelconque.
2. Il en rapproche aussi un dessin, représentant Louis de Luxembourg,
comte de Ligny (à Chantilly), lequel pourrait être également de Perréal. Ligny
était, comme nous l'avons dit, un des plus chauds admirateurs de notre peintre.
3. Bouchot, Les Clouet-, — P. Durrieu, Notes sur quelques manuscrits précieux
de la collection Hamilton (dans les procès-verbaux de la Société nationale des Anti-
quaires de France, année 1889).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de Leyde, patient, méthodique jusqu’à la moelle et maniéré, mi-
gnard, tout confit dans la grâce; il ne se serait permis ni une irré-
gularité violente comme celle-là, ni un beau faire, aussi solide, aussi
ferme que celui des médaillons1. Nous ne pouvons vraiment accor-
der à maître Godefroy que les pâles médailles, dans lesquelles une
bonne âme s’est ingéniée à encadrer l’impromptu.
M. Bouchot, enfin, dans la remarquable étude sur Les Cloael,
où il s’est, le premier, hardiment risqué parmi les méandres du
début du xvie siècle, retire ces médaillons à Godefroy, pour en faire
honneur à Jamct Clouet, et ici la discussion devient plus complexe.
M. Bouchot démontre que l’auteur des médaillons a d’abord
exécuté au crayon un croquis sommaire des personnages d’après
nature; nous reproduisons même, d’après lui, un de ces croquis,
apparenté aux pochades de Lyon, bien que, naturellement, plus mûr,
plus écrit.
M. Bouchot a retrouvé plusieurs de ces crayons2 : or, il les ren-
contre dans une ancienne collection de cour, qui contient aussi des
croquis attribués à François Clouet, et c’est pourquoi, après M. Dur-
rieu3, il suppose (mais en spécifiant bien qu’il s’agit d’une simple
supposition), que son portefeuille forme une sorte deraccolta fami-
liale, où l’on a dû joindre les dessins du père à ceux du fils, et du
moment où les dessins appartiennent à Jamet Clouet, il faut en dire
autant des miniatures.
Malgré les réserves expresses dont l’entoure son auteur, l’hypo-
thèse est honnête et même ingénieuse. Pourtant, nous croyons pou-
voir lui opposer une observation, que nous empruntons à M. Bouchot
lui-même, et qui nous paraît de conséquence.
On connaît, comme l’a montré notre habile confrère, une œuvre
authentique de Jamet Clouet; elle a disparu...., mais Thevet, au xvie
siècle, en a donné une gravure. Celle-ci, qui représente un savant
nommé Oronce Fine, est défectueuse et, malgré tout, elle confirme
pratiquement et en traits parlants notre première impression sur
1. Godefroy signe et date chacune de ses productions, et aucun des médail-
lons ne porte une mention quelconque.
2. Il en rapproche aussi un dessin, représentant Louis de Luxembourg,
comte de Ligny (à Chantilly), lequel pourrait être également de Perréal. Ligny
était, comme nous l'avons dit, un des plus chauds admirateurs de notre peintre.
3. Bouchot, Les Clouet-, — P. Durrieu, Notes sur quelques manuscrits précieux
de la collection Hamilton (dans les procès-verbaux de la Société nationale des Anti-
quaires de France, année 1889).