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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 4
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Berenson, Bernard: Le "Sposalizio" du Musée de Caen
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0290

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274

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

fond de leur cœur, ni Ulysse-Lermolieff ni Diomède-Minghetti n’ont
osé porter une main sacrilège. Morellistes et anti-Morellistes, amis
et détracteurs, sont du même avis, en ce qui concerne l’influence
exercée sur le jeune Raphaël par le célèbre chef-d’œuvre du Pérugin,
le Sposalizio de Caen.

Tous se sont accordés à reconnaître que Raphaël l’a imité exac-
tement dans le tableau si connu, exécuté pour Città di Castello et qui,
aujourd’hui, est le principal chef-d’œuvre de Bréra. Voyez ce que
Raphaël doit au Pérugin, crie-t-on dans l’un des deux camps, bien
qu'il soit facile de distinguer entre la médiocrité du maître et l’in-
comparable génie de l’élève. Le soleil de Raphaël, réplique-t-on du
camp opposé, a disparu, sans doute, derrière le nuage du Pérugin;
mais il brille de nouveau, et l’illumine de pourpre.

Pour ma part, si ma voix pouvait se faire entendre, je dirais :
Plus de guerre, car il n’y a aucun sujet de querelle. Si vous voulez,
pour un instant, suspendre vos défis et faire taire tambours et clai-
rons, je vais essayer de vous prouver, en premier lieu, que le
Sposalizio de Caen n’a pas été peint par le Pérugin, et ensuite que,
selon toute probabilité, il n’a pas servi de modèle à Raphaël; qu’il est
tout bonnement une imitation du chef-d’œuvre du grand peintre
d’Urbin. Si vous avez la patience de m’écouter, mes arguments
hâteront peut-être, l'heureux jour où l’on cessera de batailler au
sujet de l’art, pour en goûter seulement les joies calmes et paisibles.

I

Quand je me rendis à Caen, je ne doutais pas un instant que
je n’allasse voir, non seulement une des plus grandes œuvres du
Pérugin, mais encore un tableau peint entre le mois de novembre
de l’année 1500 — date à laquelle, comme on sait, le tableau d’autel
n’était pas encore commencé — et l’année 1504, au cours de
laquelle Raphaël peignit son admirable soi-disant imitation. Figurez-
vous mon étonnement quand, au premier coup d’œil, le tableau de
Caen me surprit par une combinaison de couleurs vives, que je
cherchai en vain à me rappeler dans les autres œuvres du Pérugin.
Je ne pus arriver qu’à cette conclusion, c’est qu’il ne s’était rap-
proché de ces couleurs que dans deux périodes de sa vie : au début

substituant l’examen positif à l’examen de sentiment, en soumettant l’œuvre d’art,
dont on n’étudie trop souvent que l’extériorité, que l'image, à une analyse intime
et scientifique; mais la Gazette des Beaux-Arts n'a pas à prendre parli pour ou
contre les conclusions d’un collaborateur indépendant et de bonne foi. N. d. l. u.
 
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