JEAN-BAPTISTE PERRONNEAU
317
Une quatrième lettre montre Perronneau en proie aux memes
soucis, qu’allait aggraver la naissance d’un second fils, et cherchant
auprès de son ancienne clientèle lyonnaise un succès qui commen-
çait à le fuir.
Monsieur et vraie amy,
Que diray-vous de moi ? Je vous paraitray un négligent de ne vous avoir
point écrit, ni remercier des amitiés que vous avez eu toujours pour moy,
hélas si vous saviez combien j’ay eü de chagrin depuis que je vous ai veii,
vous me pardonneriez cette faute. J’ay trouvé Mme Perronneau dans la plus
grande mélancolie, qui a tellement pris sur son tempérament quel est tombé
bien mallade ; je n’ay point de ses nouvelles depuis quelque temp, je ne
luy ay pas rendu assé de justice, sur son économie,.et sur ses soins, sa vertu
a esté trop haustère et a pris sur sa santée, c’est son état qui ma rendu mal-
lade. Depuis que je suis à Lion ou j’ay languye, je me sentmieux; sans cela
j’aurais passé plus loin, mais je reste encore, ayant quelque occupations.
Je prie madame de recevoir mes vœux, mes hommages, mes remer-
ciments, je me souvien bien que je vous ai promis le portrait de monsieur
votre gendre, j’espère qu’en courant mons et veau, je vous le feray ; conti-
nuez moy votre ami lier, et présenté mes respects à madame votre fille quand
vous lui écriray. Je sallue nos amis et particulièrement monsieur Soyer,
monsieur de Villeneuve et madame son épouse.
Je suis, monsieur, avec bien de la reconnaissance, votre très humble et
très obéissant serviteur.
PERRONNEAU.
A Lion, ce 10 avril 1773.
Mon adresse est chez M. Privât, rue Royal, vis à vis la messagerie,
maison Mercier, à Lion.
A Lyon même, d’autres sujets de tristesse lui étaient réservés.
Dutillieu avait vu s’éteindre, après une lento consomption, cette
aimable Benoîte Sacquin,que Perronneau représentait, quatorze ans
auparavant, dans tout l’éclat de la jeunesse et des joies du loyer. Le
pauvre veuf consentit cependant à poser une dernière lois devant le
peintre, lui-même vieilli et découragé, mais ce petit portrait aux
trois crayons n’a guère d intérêt que par le procédé même dont 1 au-
teur avait fait usage et qui est, en ce genre, le seul spécimen sur
lequel nous le puissions juger.
Assez peu satisfait sans doute dù résultat matériel de son voyage
à Lyon, Perronneau était de retour à Paris 1 été suivant et envoyait
au Salon de 1773 les portraits de M. V. R. (Van Robais), de M. Du-
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Une quatrième lettre montre Perronneau en proie aux memes
soucis, qu’allait aggraver la naissance d’un second fils, et cherchant
auprès de son ancienne clientèle lyonnaise un succès qui commen-
çait à le fuir.
Monsieur et vraie amy,
Que diray-vous de moi ? Je vous paraitray un négligent de ne vous avoir
point écrit, ni remercier des amitiés que vous avez eu toujours pour moy,
hélas si vous saviez combien j’ay eü de chagrin depuis que je vous ai veii,
vous me pardonneriez cette faute. J’ay trouvé Mme Perronneau dans la plus
grande mélancolie, qui a tellement pris sur son tempérament quel est tombé
bien mallade ; je n’ay point de ses nouvelles depuis quelque temp, je ne
luy ay pas rendu assé de justice, sur son économie,.et sur ses soins, sa vertu
a esté trop haustère et a pris sur sa santée, c’est son état qui ma rendu mal-
lade. Depuis que je suis à Lion ou j’ay languye, je me sentmieux; sans cela
j’aurais passé plus loin, mais je reste encore, ayant quelque occupations.
Je prie madame de recevoir mes vœux, mes hommages, mes remer-
ciments, je me souvien bien que je vous ai promis le portrait de monsieur
votre gendre, j’espère qu’en courant mons et veau, je vous le feray ; conti-
nuez moy votre ami lier, et présenté mes respects à madame votre fille quand
vous lui écriray. Je sallue nos amis et particulièrement monsieur Soyer,
monsieur de Villeneuve et madame son épouse.
Je suis, monsieur, avec bien de la reconnaissance, votre très humble et
très obéissant serviteur.
PERRONNEAU.
A Lion, ce 10 avril 1773.
Mon adresse est chez M. Privât, rue Royal, vis à vis la messagerie,
maison Mercier, à Lion.
A Lyon même, d’autres sujets de tristesse lui étaient réservés.
Dutillieu avait vu s’éteindre, après une lento consomption, cette
aimable Benoîte Sacquin,que Perronneau représentait, quatorze ans
auparavant, dans tout l’éclat de la jeunesse et des joies du loyer. Le
pauvre veuf consentit cependant à poser une dernière lois devant le
peintre, lui-même vieilli et découragé, mais ce petit portrait aux
trois crayons n’a guère d intérêt que par le procédé même dont 1 au-
teur avait fait usage et qui est, en ce genre, le seul spécimen sur
lequel nous le puissions juger.
Assez peu satisfait sans doute dù résultat matériel de son voyage
à Lyon, Perronneau était de retour à Paris 1 été suivant et envoyait
au Salon de 1773 les portraits de M. V. R. (Van Robais), de M. Du-