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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 4
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Tourneux, Maurice: Jean-Baptiste Perronneau, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0337

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320

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

amateur, avait distrait de sa collection particulière et cédé à MM. de
Goncourt un portrait d’homme, portant en sautoir le cordon rouge
de Saint-Louis, qu’iltenait pour celui du comte Goyonde Yaudurant,
lieutenant-général, commandant en second de la province de Bretagne,
et qu'il attribuait à La Tour. L’identité du personnage ne saurait être
mise en doute; un détail matériel suffirait, à défaut de l’exécution très
personnelle de l’œuvre, pour la restituer à Perronneau.

Le comte de Yaudurant ne fut promu commandeur de l’ordre
de Saint-Louis qu’en 1781, alors que La Tour, atteint de monoma-
nie, ne touchait plus à ses crayons que pour gâter ou détruire ses
chefs-d’œuvre. Dans ce portrait, dont il a bien voulu autoriser la
reproduction, M. Edmond de Goncourt reconnaît « tous les carac-
tères du faire de Perronneau », et dit à ce sujet que jamais « La Tour
ne s’est élevé à ces clartés d’une figure faites de la pose franche de
touches de bleu, de vert, balafrées de rose, qui ont la plus grande
parenté avec les couleurs à l’huile des portraits de Reynolds, des
portraitistes anglais de la fin du xvmc siècle1 ».

Au cours d’un troisième séjour de l’artiste en Hollande, le 19 no-
vembre 1783, le sieur Jean Martens se présenta devant le secrétaire
de la ville d’Amsterdam et déclara que le sieur Jean-Baptiste Pcrrau-
not (sic), sans profession spécifiée, âgé de quarante-deux ans (sic),
demeurant sur le Heerengracht, près de la Leidschestraat, était
décédé « par suite de fièvre ». Bien que le défunt demeurât dans un
quartier fort riche, il n’eut le lendemain que le convoi des pauvres,
et fut enterré à la Leidschekerkhoff, cimetière situé près de la porte
de Leyde. Lorsque l’aimable et regretté M. N. de Roever me commu-
niqua le résultat de ses recherches dans les archives municipales
dont il avait la garde, je crus à une erreur de transcription, en ce qui
concernait l’âge du défunt; mais M. de Roever me confirma et me
prouva plus tard de visu que le registre portait bien un 4 et un 2.
Ainsi, et jusqu’à la minute suprême, tout ce qui a trait à la person-
nalité du peintre devait rester entouré de mystère et de confusion, et
si l’allégation du registre des décès n’était pas démentie par d’autres
actes non moins authentiques que celui-ci, elle serait de nature à
justifier la méprise de Nagler, dont j’ai parlé au début de cette étude.

MAURICE T O U R N E U X

(La fin prochainement)

1. La Maison d’un artiste, 1881, tome Ier, pp. 135-130.
 
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