ISABELLE D’ESTE
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peint La Cour d'Isabelle (n° 157, musée du Louvre, galerie italienne)
pour le studiolo de la marquise, il exécutait encore, sur un sujet de
Y invention de Paride Ceresara, la seconde toile qui fait pendant à
cette dernière dans le même musée (n° 176 du catalogue Villot).
11 n’y a pas lieu de s’étonner de ne point rencontrer dans la cor-
respondance d’Isabelle une allusion à cette seconde toile, dont le sujet
reste assez vague pour nous. Sous le titre : Un sujet allégorique, le
rédacteur du catalogue du musée du Louvre décrit ainsi l’œuvre :
« A gauche, sur les bords d’un large fleuve, Apollon enseigne la mu-
sique à des nymphes; auprès de lui, un jeune homme tient un arc ;
plus loin, Orphée joue de la lyre et civilise les hommes. A droite, en
avant d’un portique sur lequel on lit le mot Cornes plusieurs fois
répété, Mercure chasse les Vices. »
Tout le caractère du sujet, bizarre et compliqué, le mot Cornes,
qu’on lit effectivement cinq fois répété, jusque dans la frise de l’arc
de triomphe; un air de parenté indéniable avec La Cour d’Isabelle
d’Este, et des dimensions communes à cette toile et au tableau de
Costa, acheté comme celui-ci par le cardinal de Richelieu, et passé de
son château du Plessis directement au Louvre, constituent une série
de preuves d’identité qui ne laissent subsister aucun doute sur la
première origine du tableau et sur le nom du peintre qui l’a exécuté.
Costa était alors à la cour de Mantoue; Isabelle le voyait chaque
jour et communiquait sans cesse avec lui; cela suffit pour expliquer
1 absence de tout document écrit et d’allusions dans la correspon-
dance de cette époque. Mais si on se reporte au catalogue de 1665,
c est-à-dire à l’inventaire des œuvres qui se trouvaient encore à cette
époque dans le studiolo d’Isabelle d’Este, où elles avaient échappé à
la vente faite en 1627 par Vincent II, et au pillage de la Ueggia, en
1630, par les soldats d’Aldringhen, on trouve, dans la description
plus que sommaire de cet inventaire, où figure déjà le premier
tableau de Costa, La Cour d’Isabelle (désigné simplement par ces
mots : Un quadro di pittura de/ Detto (Costa) con diverse figure dentro
con verdure dentro et una Incoronatione), le trait suivant très carac-
téristique, appliqué au deuxième tableau du maître : « L piu, uno
quadro a man sinistra, di mono di Lorenzo Costa, in lo quale e
dipinto un archo trimnpliale, e moite figure cite fano una Musica,
con una fabula di Leda. » Et si on jette les yeux sur la composition,
au centre même, on voit Léda assise sur le sol, tenant le cygne enlre
ses bras.
Il ressort de tous ces documents, qui concernent les relations
XV. — 3° PÉRIODE. ,l’*
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peint La Cour d'Isabelle (n° 157, musée du Louvre, galerie italienne)
pour le studiolo de la marquise, il exécutait encore, sur un sujet de
Y invention de Paride Ceresara, la seconde toile qui fait pendant à
cette dernière dans le même musée (n° 176 du catalogue Villot).
11 n’y a pas lieu de s’étonner de ne point rencontrer dans la cor-
respondance d’Isabelle une allusion à cette seconde toile, dont le sujet
reste assez vague pour nous. Sous le titre : Un sujet allégorique, le
rédacteur du catalogue du musée du Louvre décrit ainsi l’œuvre :
« A gauche, sur les bords d’un large fleuve, Apollon enseigne la mu-
sique à des nymphes; auprès de lui, un jeune homme tient un arc ;
plus loin, Orphée joue de la lyre et civilise les hommes. A droite, en
avant d’un portique sur lequel on lit le mot Cornes plusieurs fois
répété, Mercure chasse les Vices. »
Tout le caractère du sujet, bizarre et compliqué, le mot Cornes,
qu’on lit effectivement cinq fois répété, jusque dans la frise de l’arc
de triomphe; un air de parenté indéniable avec La Cour d’Isabelle
d’Este, et des dimensions communes à cette toile et au tableau de
Costa, acheté comme celui-ci par le cardinal de Richelieu, et passé de
son château du Plessis directement au Louvre, constituent une série
de preuves d’identité qui ne laissent subsister aucun doute sur la
première origine du tableau et sur le nom du peintre qui l’a exécuté.
Costa était alors à la cour de Mantoue; Isabelle le voyait chaque
jour et communiquait sans cesse avec lui; cela suffit pour expliquer
1 absence de tout document écrit et d’allusions dans la correspon-
dance de cette époque. Mais si on se reporte au catalogue de 1665,
c est-à-dire à l’inventaire des œuvres qui se trouvaient encore à cette
époque dans le studiolo d’Isabelle d’Este, où elles avaient échappé à
la vente faite en 1627 par Vincent II, et au pillage de la Ueggia, en
1630, par les soldats d’Aldringhen, on trouve, dans la description
plus que sommaire de cet inventaire, où figure déjà le premier
tableau de Costa, La Cour d’Isabelle (désigné simplement par ces
mots : Un quadro di pittura de/ Detto (Costa) con diverse figure dentro
con verdure dentro et una Incoronatione), le trait suivant très carac-
téristique, appliqué au deuxième tableau du maître : « L piu, uno
quadro a man sinistra, di mono di Lorenzo Costa, in lo quale e
dipinto un archo trimnpliale, e moite figure cite fano una Musica,
con una fabula di Leda. » Et si on jette les yeux sur la composition,
au centre même, on voit Léda assise sur le sol, tenant le cygne enlre
ses bras.
Il ressort de tous ces documents, qui concernent les relations
XV. — 3° PÉRIODE. ,l’*