OEUVRES DE M. CONSTANTIN MEUNIER
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de la province de Liège. Sept années se sont écoulées depuis et, à
cette époque, le clan des écrivains naturalistes, très tapageur, encore
en lutte, décrochait toutes les armes qui s’offraient à lui pour le
défendre. M. Octave Mirbeau, avec sa fougue coutumière et souvent
imprudente, un peu apaisée maintenant, exalta bruyamment Cons-
tantin Meunier peintre. Ce-
lui-ci apparaissait à une
génération de littérateurs
férus de réalisme comme
l’imagier de Germinal, bien
qu’il n’eût rien de l’imagi-
nation ni du lyrisme de
Zola. On oublia le sculp-
teur, si bien que, vers \ 891
ou 1892, je ne sais plus quel
envoi de haut-relief ou de
figure fut une révélation,
et l’on ne manqua pas de
s’écrier que le peintre était
à scs heures un beau sculp-
teur. Mais ce dernier a bien-
tôt supplanté celui-là et, à
présent, voici les choses re-
mises en place. M. Constan-
tin Meunier est un sculp-
teur. Quand il a fait de la
peinture, il a désobéi à sa
vocation, — et il a désobéi
longtemps. Ce fut à la suite
d’une de ces erreurs, de l’un
de ces découragements de
jeunesse, dont on revient
cl se relève un jour lors-
qu en pleine maturité toutes les forces de 1 artiste, plus véhémentes
et plus impérieuses, le rejettent dans sa route.
De dix-sept^à vingt ans, il avait étudié la sculpture à 1 école des
Beaux-Arts de Bruxelles; mais, désolé de l’effroyable médiocrité des
voies où ses professeurs le guidaient, il avait brisé son ébauchoir,
espérant que la peinture lui permettrait démarcher dans des chemins
moins battus. C’est alors qu’il devint le peintre des moines. Quelques
LE EAU Cil EUH
Bronze, par M. Constantin Meunier
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de la province de Liège. Sept années se sont écoulées depuis et, à
cette époque, le clan des écrivains naturalistes, très tapageur, encore
en lutte, décrochait toutes les armes qui s’offraient à lui pour le
défendre. M. Octave Mirbeau, avec sa fougue coutumière et souvent
imprudente, un peu apaisée maintenant, exalta bruyamment Cons-
tantin Meunier peintre. Ce-
lui-ci apparaissait à une
génération de littérateurs
férus de réalisme comme
l’imagier de Germinal, bien
qu’il n’eût rien de l’imagi-
nation ni du lyrisme de
Zola. On oublia le sculp-
teur, si bien que, vers \ 891
ou 1892, je ne sais plus quel
envoi de haut-relief ou de
figure fut une révélation,
et l’on ne manqua pas de
s’écrier que le peintre était
à scs heures un beau sculp-
teur. Mais ce dernier a bien-
tôt supplanté celui-là et, à
présent, voici les choses re-
mises en place. M. Constan-
tin Meunier est un sculp-
teur. Quand il a fait de la
peinture, il a désobéi à sa
vocation, — et il a désobéi
longtemps. Ce fut à la suite
d’une de ces erreurs, de l’un
de ces découragements de
jeunesse, dont on revient
cl se relève un jour lors-
qu en pleine maturité toutes les forces de 1 artiste, plus véhémentes
et plus impérieuses, le rejettent dans sa route.
De dix-sept^à vingt ans, il avait étudié la sculpture à 1 école des
Beaux-Arts de Bruxelles; mais, désolé de l’effroyable médiocrité des
voies où ses professeurs le guidaient, il avait brisé son ébauchoir,
espérant que la peinture lui permettrait démarcher dans des chemins
moins battus. C’est alors qu’il devint le peintre des moines. Quelques
LE EAU Cil EUH
Bronze, par M. Constantin Meunier