Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 15.1896)

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GAZETTE DES BEAUX-AllTS

années passent ainsi, puis il abandonne le cloître et descend dans la
mine. Des journalistes ont affirmé que M. Constantin Meunier avait
manifesté dans cette circonstance un changement bien déterminé de
direction. Ce n'est pas du tout croyable. Le fond ni les apparences
de son art ne changent pas. Son sentiment est trop personnel pour
que d’un âge à l’autre il le puisse modifier. C’est un même cœur dou-
loureux et muet, une même imagination un peu sombre et surtout
un même amour des belles attitudes simples, qui le mènent tour à
tour à la mine et au cloître, sans que, dans le trajet, une révolution

VIEUX CHEVAL UE J1IXE, BUO.NZE, PAH ,11. CONSTAXTIN .11 E L X I E II

se soit faite en lui. Des corridors, des voûtes, des hommes silen-
cieux, un vêtement uniforme, une discipline sévère, une vie sans
soleil, voilà le cloître; c’est aussi la mine. Ici, le coup amorti de la
pioche dans la veine; là, le talon assourdi de la sandale sur la pierre.
Une seule différence : des personnages drapés, des religieux en froc,
et d'autres, où les formes humaines s’accusaient déjà avec plus de
caractère, des mineurs vêtus de la braie quelquefois collante et de la
blouse courte, sans ampleur. C’est celte différence, peu importante
pour ce qui est de l’essence même de l’art, mais considérable dans
l'appropriation du sujet à un art spécial, qui l’a induit, je crois, à
revenir à la sculpture, plein d'un espoir nouveau et confiant en ses