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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 4
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Leclercq, Julien: Exposition des œuvres de M. Constantin Meunier à "l'Art nouveau"
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0373

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354

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

du personnage ! Ayant voulu que l’expression et le caractère fussent
dans la figure entière, dans le groupe, il n’a pas donné d’expression
ni de caractère particuliers au visage. Il ne vient pas à l’idée de se
baisser pour regarder impudemment la physionomie de cette créature
douloureuse. M. C. Meunier procède toujours de la sorte. Le détail
émouvant, si vulgaire en art, n’est jamais traité.

Si les conservateurs du musée de Bruxelles n’ont pas rangé ce
groupe parmi les sculptures du hall, c’est, évidemment, qu’ils ont
songé à la surprise du visiteur en présence d’un tel voisinage. Le
Grisou, au milieu de tous ces Discoboles, de toutes ces Diane, Vénus
ou Lôda, qui ont pour auteurs ceux-là mêmes qui eurent le tort de
désespérer le jeune élève d’autrefois, copistes froids de l’antique,
serait certes dépaysé.

Si différent que soit M. C. Meunier de ses professeurs des Beaux-
Arts, c’est lui, et non pas eux, qui se rapproche des maîtres par l’im-
pression donnée. Ce qui prouve que, pour donner cette impression de
la grandeur, il ne suffit pas d’imiter les œuvres des antiques dans leur
facture et dans leur plastique, mais il faut regarder, comme eux, la
nature. « La nature, disait Bodin, il n’y a qu’Elle et l’on ne fera jamais
autre chose que de la copier; seulement... il n’y a que les artistes qui
la voient. » C’est un antique, le mineur qu’a observé M. Constantin
Meunier, c’est Mercure lui-même. Cotte vision du. Mercure, telle
que me l’avait évoquée le sculpteur, je l’ai eue, vive et profonde,
chaque fois que j’ai fait une excursion au pays noir. Et je suis des-
cendu dans la terre avec ce Mercure, qui porte une lampe en guise de
caducée et dont les ailes des talonnières et du chapeau ont été
coupées par une main sacrilège. Ne pouvant plus courir les cicux, il
explore à présent les souterrains, sans cesser d’être beau, malgré
moins d’agilité et d’entrain. Pégase, devenu le Vieux cheval de mine,
n’a-t-il pas aussi conservé de la noblesse dans la résignation à sa
déchéance et à sa décrépitude?

JL'LIEX LECLERCO
 
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