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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 4
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Ritter, William: Correspondance de Vienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0375

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336

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

peu partout, et nous ont offert l’occasion de mieux nous rendre compte de
certaines personnalités artistiques intéressantes.

L’Exposition ethnographique tchéco-slovaque de Prague a été l’une des plus
merveilleuses exhibitions d'art populaire à laquelle nous ayons jamais assisté, et
la réussite de cette manifestation patriotique a dépassé toutes les prévisions.
Les spécialistes de la broderie, comme à la précédente exposition ethnogra-
phique slave de Moscou, y eussent trouvé matière à des travaux fort curieux.
Souhaitons qu’une occasion se présente un jour de pouvoir comparer les travaux
rustiques des populations sud-slaves, bulgares, roumaines et grecques. Car alors
seulement il sera possible d’établir le plan logique d’une histoire, d’une géogra-
phie de la broderie populaire chez les peuples chrétiens d’Orient, en opposition à
l'histoire beaucoup moins compliquée de la broderie chez les peuples musul-
mans. Au point de vue tout différent qui nous importe ici, il convient de signaler
deux peintres tchèques qui ont trouvé à l’exposition de Prague l’occasion de
manifester leur talent : MM. Y. Ilynais et J. Uprka.

M. Hynais, recteur de l’Académie des Beaux-Arts, a doté le Théâtre National
de Prague d’une œuvre de grand style, à laquelle les Tchèques reprochent seule-
ment de n’avoir rien de national. Ils n’ont heureusement pas pu en dire autant
de l’affiche très savante, très simple et de fort bon goût, que M. Hynais a com-
posée pour leur exposition. Là tout est national, les types et les costumes, le
champ tricolore aux couleurs de la Bohême, que l’on osait arborer pour la pre-
mière fois depuis bien longtemps, sur lequel le groupe très décoratif des trois
paysans se détache, et jusqu’aux ornements du cadre, strictement copiés sur
ceux de certaines broderies paysannes tchèques. Le dessin de M. Hynais est tou-
jours impeccable, comme il convient à un recteur d’Académie des Beaux-Arts et
surtout à l’un des meilleurs élèves de Paul Baudry. Son coloris a des finesses
grises très particulières ; c'est le cas dans ce Jugement de Paris exposé à Vienne
l’été dernier, où toute la joie des couleurs printanières était atténuée, de façon
à ne rien enlever de sa distinction au groupe principal des trois femmes, par
l’ombre légère d’un nuage furtif passant au zénith.

A l’encontre de M. Hynais, qui est en somme plus parisien que tchèque,
— ses décorations pour le théâtre de la Burg à Vienne en témoignent — l’expo-
sition de Prague nous a révélé en M. J. Uprka un vrai peintre du peuple morave
et slovaque. Les costumes populaires très hauts en couleur font son affaire. 11 a
l’amour de son pays au suprême degré et a le don de faire partager son enthou-
siasme. Tels de ses tableaux, marchés ou fêtes populaires, ont l’aspect de cor-
beilles de roses de toutes les nuances, de prairies en fleurs. Plus question de nus
habilement sentis, de lignes précieusement équilibrées; en revanche, un don de
vie extraordinaire, une palette flamboyante et des tonalités de rouge s’accom-
modant les unes des autres en criant à qui mieux mieux, tout à fait originales.
Disons toutefois que le dessin, là non plus, n’est jamais pris en faute; mais forcé-
ment, du fait des sujets auxquels il s’attaque, il doit tenir compte du costume
plus que du nu. Allez faire sentir une académie sous un corsage de peau de
mouton chargé de mosaïques de cuir de différentes couleurs et sous dix-huit ou
vingt jupes superposées au point de faire ressembler un corps plutôt à une mon-
strueuse fleur tropicale qu’à une femme. M. J. Uprka se rattrape avec les visages
de ses femmes — il en est d’exquis — et avec les hommes, dont les pantalons col-
 
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