CORRESPONDANCE DE L’ÉTRANGER
ITALIE
LES ÉCHANGES PROJETÉS ENTRE LES GALERIES ROYALES
DE PARME ET DE FLORENCE
Dans aucune contrée du monde civilisé, les musées d’art n’ont un caractère
aussi particulièrement local que dans les villes d’Italie. Ce phénomène s’explique
aisément pour les provinces qui ont été de préférence des centres de produc-
tions spontanées dans le domaine de l’art. Ce sont alors les églises, les couvents,
les collections privées qui ont fourni successivement leurs contingents à ces
institutions, fondées à une époque relativement peu éloignée comme lieux
d'instruction et de délectation pour le public. Ceci considéré, on trouvera justifiée
l’aspiration, depuis quelque temps manifestée par les ministres de l’Instruction
publique en Italie, de conserver et même d’accentuer autant que possible
dans les musées confiés à leurs soins ce caractère spécial, reflétant d’une manière
rationelle la physionomie qui distingue une région d’une autre région, quelque
fois même une ville de sa voisine. C’est ce qui a fait naître l’idée d’effectuer,
dans des cas donnés, des échanges entre un musée et un autre, sans compter
les acquisitions plus ou moins louables, faites avec le revenu des droits d’enLrée
inaugurés depuis nombre d’années.
Pour donner quelques exemples de ce qui a été fait comme échanges dans
ces derniers temps, nous rappellerons les transactions entre les galeries de
Milan et de Venise. On avait remarqué que le célèbre peintre Carlo Crivelli, si
éminent dans son style robuste et sa technique supérieure, n’était pas repré-
senté à l’Académie de Venise, alors que ses œuvres étaient abondantes à la
galerie Brera, qui n’a d’autres rivales, quant à ce maître, que les collections
anglaises, la National Gallery de Londres, en premier lieu. Chose étrange! ce
ITALIE
LES ÉCHANGES PROJETÉS ENTRE LES GALERIES ROYALES
DE PARME ET DE FLORENCE
Dans aucune contrée du monde civilisé, les musées d’art n’ont un caractère
aussi particulièrement local que dans les villes d’Italie. Ce phénomène s’explique
aisément pour les provinces qui ont été de préférence des centres de produc-
tions spontanées dans le domaine de l’art. Ce sont alors les églises, les couvents,
les collections privées qui ont fourni successivement leurs contingents à ces
institutions, fondées à une époque relativement peu éloignée comme lieux
d'instruction et de délectation pour le public. Ceci considéré, on trouvera justifiée
l’aspiration, depuis quelque temps manifestée par les ministres de l’Instruction
publique en Italie, de conserver et même d’accentuer autant que possible
dans les musées confiés à leurs soins ce caractère spécial, reflétant d’une manière
rationelle la physionomie qui distingue une région d’une autre région, quelque
fois même une ville de sa voisine. C’est ce qui a fait naître l’idée d’effectuer,
dans des cas donnés, des échanges entre un musée et un autre, sans compter
les acquisitions plus ou moins louables, faites avec le revenu des droits d’enLrée
inaugurés depuis nombre d’années.
Pour donner quelques exemples de ce qui a été fait comme échanges dans
ces derniers temps, nous rappellerons les transactions entre les galeries de
Milan et de Venise. On avait remarqué que le célèbre peintre Carlo Crivelli, si
éminent dans son style robuste et sa technique supérieure, n’était pas repré-
senté à l’Académie de Venise, alors que ses œuvres étaient abondantes à la
galerie Brera, qui n’a d’autres rivales, quant à ce maître, que les collections
anglaises, la National Gallery de Londres, en premier lieu. Chose étrange! ce