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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 5
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Frizzoni, Gustavo: Les échanges projetés entre les galeries royales de Parme et de Florence: correspondance d'Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0462

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440

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

painting in North Italy, en classer deux autres d’un style pareil, à savoir le pan-
neau du Louvre, avec la Vierge et l’Enfant recevant les hommages de saint
Jean-Baptiste et de sainte Marie-Madeleine, qui provient de Saint-Dominique de
Parme, et le Christ mort entouré de ses fidèles, qui, de la petite ville de Carpi,
est passé dans la galerie de Modène, où on peut l’admirer encore comme une
des choses les plus précieuses de la collection *.

Quant au grand tableau qui nous occupe ici, il est vrai que son histoire le
rattache aussi à la ville de Parme dès son origine; il se trouvait sur un autel de
la cathédrale de cette ville, pour lequel Cima, très probablement, fut chargé de
le peindre. Mais, puisque le tableau du Parmesan dont nous avons donné la repro-
duction appartenait également à une église de sa ville natale, la compensation
au point de vue historique se serait trouvée de la sorte assez équilibrée.

Pour ce qui a trait au mérite artistique des deux peintures, aucune compa-
raison n’est possible, trop grande étant la différence entre la tournure d’esprit
et l'idéal des deux peintres: le premier, tout pénétré d’un sentiment religieux
naïf, à l’impression duquel il se plaît à subordonner tout l’ensemble de sa création ;
l’autre, préoccupé avant tout de mettre en évidence ce que la nature humaine
sait nous présenter de plus choisi en fait d’élégance et de grâce, et cela au dé-
pens même de la vérité et du naturel, surtout par l’exagération des proportions,
tendant toujours aune longueur démesurée des formes du corps. Sous ce rapport,
la Vierge au long cou nous représente parfaitement l’artiste dans tout ce qui
constitue ses qualités et ses défauts. Nous pensons, comme M. Ricci, que les finesses
de l’exécution, la noblesse des types et la vigueur du coloris sont une compensa-
tion suffisante aux erreurs de l’affectation et de l’outrance dans les lignes. La tête
de la Vierge, dans son arrangement distingué, est d’un fini précieux, de même
que celles des jeunes gens des deux sexes qui s’approchent du Sauveur endormi
sur les genoux de sa mère. L’enfant qu’on aperçoit au milieu des autres person-
nages est d’une grâce qui n’a rien à envier à celle du Corrège, et la ravissante tête
de jeune fille, vue de face, aux grands yeux étincelants, rappelle fort celle de la
prétendue « Belle » du Parmesan, que nous reproduisons d’après le tableau du
musée de Naples1 2 3.

Quant à la longueur vraiment excessive du cou de la Vierge, quoiqu’on doive
l’attribuer au sentiment artistique de l’artiste, qui aimait à tout amincir et
allonger, une opinion ancienne, assez ingénieuse dans le cas spécial dont il s’agit,
a été émise, et mérite d’être rapportée à titre de curiosité. Octavien Gambi, écri-
vant, en 1666, la biographie d’un peintre nommé Savonazzi, dit qu’ayant causé un
jour avec lui et lui ayant reproché d’avoir fait à la Madone le cou trop long et au
delà des limites imposées par la symétrie, Savonnazzi aurait repris en disant « que
cela aurait été une erreur considérable que de le former différemment, puisque
le cou allongé est la marque distinctive de la virginité des femmes-^ ».

La description que Vasari fait de cette œuvre du Parmesan n’est, à vrai dire,

1. Voir la belle photographie par M. D. Anderson, appartenant à la suite des reproduc-
tions concernant la galerie de Modène.

2. La photographie qui a servi de modèle à la reproduction est tirée de la suite des fac-
similé isochromatiques faits l’année dernière par la maison Brogi, de Florence, dans la
galerie de Naples.

3. Ricci, article cité.
 
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