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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 5
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Ritter, William: Autriche et Allemagne, 2: correspondance de l'étranger
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0464

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442

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Otto Greiner est un passionné d’académies, qui dessine avec une conscience
de myope. Il fait des lithographies qui devraient être des eaux-fortes, et où les
derniers détails des paysages d’arrière-plan sont aussi soigneusement décrits que
ses personnages du premier plan. En outre, dessinant si juste et avec une telle
minutie, il a le tort de choisir ses modèles sans assez de discernement. Son
œuvre, intéressant au premier chef, renferme beaucoup de jambes trop courtes,
écrasées sous des hanches trop volumineuses et des torses trop longs. A cet
égard, son Jugement de Paris et son Hercule hésitant sont à citer. Et puis, il n’y
a pas assez d’intimité entre ses paysages et ses personnages, qui se juxtaposent
sans se pénétrer. N’importe; nous avons affaire en lui à l’un des artistes qui ont
le plus d’avenir parmi les jeunes Allemands. Son amour de la difficulté vaincue,
des raccourcis hardis et surplombants, nous en est garant.

Fritz Bœhle, comme Thoma, comme Steinhausen, s’est efforcé de rapprocher
sa manière le plus possible de celle des vieux maîtres allemands et de renouer
la tradition entre les modernes et eux. Devant toutes ses eaux-fortes rugueuses
et gauches, nous avons la hantise du Grand cheval de Durer, car un chevalier et
un cheval font le sujet de chacune de ses rudes compositions, très poussées au
noir, très brutales de lignes, et qui s’acharnent à violenter l’expression comme
elles ont violenté les procédés habituels du métier. Ce sont de véritables œuvres
d’art, d’aspect abstrus et brutal, mais d’une grandeur qui n’est plus souvent
atteinte aujourd’hui.

M. Bernard Mannfeld excelle à saisir de chaque ville l’aspect monumental le
plus imposant, le paysage-type de la cité, le grand aspect général et essentiel, le
point de vue le plus caractéristique. Il élit son molif si bien, qu’on pourrait le
croire composé; il sait toujours découvrir, pour le voir, un endroit d’où l’on
puisse dire : un peintre n’aurait pas disposé autrement ses lignes. Chacune de
ses géantes eaux-fortes épuise une ville en un seul aspect. Son Schillerplatz était
la synthèse du Berlin du grand Frédéric, son Dresde, celle de la capitale du rococo
et du baroque, son Albrechtsburg à Meissen, celle de la petite ville de province sep-
tentrionale. Il a su faire plus : raconter, par exemple, Bismarck par une simple
vue de Friedrichsruhe. Récemment, il s’est attaqué à Cologne et à Francfort, et a
réussi, dans ces deux grandes feuilles, à être tout aussi complet que profond.

Nous ne parlerons évidemment ici des artistes français qu’au point de vue de
ce qu’on en pense à Vienne. Ils sont admirablement représentés à l’Exposition des
arts graphiques, et résistent sérieusement aux efforts très louables de l’émulation
allemande, hollandaise et belge, qui leur oppose pourtant toute la récente levée
de boucliers, à laquelle on ne saurait accorder trop d'attention, et à la tête
de laquelle se trouvent, avec les artistes que nous venons de mentionner, les
Staulfer-Bern, les Klotz, les Dasio, les Kœpping et les Liebermann, les Storm
van’s Gravesande et les Marius Bauer.

Il suffirait de la présence de Rops, qui expose avec les Français, pour que la
France sortît victorieuse de ce tournoi, à la gloire de l’estampe originale... et
magistrale. Car, disons-le tout de suite, on n’y rencontre que très peu de médio-
crités. Depuis longtemps, même à Paris, une telle quantité de Rops n’avait pas
été exposée; et pour les Viennois, cet art impeccable, fantaisiste et pervers est
une révélation qui attroupe, rêveurs et un peu effarouchés, mais enthousiastes
quand même, les sagesjeunes gens de notre École des Beaux-Arts. Voici pourquoi :
 
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