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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 6
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Adam, Paul: Les Salons de 1896, [1], La sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0477

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LES SALONS DE 1896

t *»■*»

40 D

lyse du détail, venu du réalisme médiéval, apporterait aux créateurs
nouveaux la facilité de joindre à ces rythmes purs la palpitation véri-
table et mouvante de la vie.

Au Ghamp-de-Mars, M. Bartholomé y réussit déjà. Longue et
fluide comme une étroite cascade, la femme de sa fontaine symbolise
avec bonheur le fil de l'eau qui tombe. Parce qu’elle tourne la face
vers le fond de la niche surmontant la vasque, nous imaginons
volontiers qu’elle pleure dans ses bras. Comme deux jets issus d’un
goulot resserré, qui se partagèrent, puisse réunissent en se contour-
nant, les jambes s’enlacent sous la fuite épanchée des hanches. Le
marbre joliment veiné coule dans la douceur des formes longues.

Sur le mouvement de l’eau, une apparence humaine a été mise.
Après tant de sirènes, de tritons, d’ondines et d’hydres évoqués par
la plastique des temps, la tentative ne serait pas neuve. Mais ces
figures-ci traduisent, pour la plupart, les brusques soufflures des
vagues, les bonds du flot, ce que la mer projette, aux heures furieuses,
de bestial, de féroce et d’échevelé. M. Bartholomé interprète le filet
paisible de la fontaine qui pleure son murmure dans la vasque. Un
renflement léger de la nuque induit à croire qu’un très court sanglot
la va gonfler. Et c’est une douceur délicieuse, apitoyante, qui se
perpétue...

Les organisateurs de l’exposition, au Champ-de-Mars, surent
blottir dans le secret d’un coin celte petite peine. On aime l’y décou-
vrir à travers le demi-jour que donne à la salle, éclairée du haut
d’un écran, l’installation de M. Dubufe, en gamme bleue, perse,
bleuâtre.

Bien n’est plus mystérieux que l’ivresse instinctive, propre aux
âmes éprises de la danse. Entre ceux et celles qui chérissent balancer
leur corps selon le mouvement d’un rythme musical, peu sauraient
dire les raisons analysées de leur joie. Du délire survient. Ils tour-
nent. Ils s’éblouissent. Ils lèvent un pied, l’autre. Leurs cœurs rient.
Les regards s’alanguissent. La fête se noie dans un étincellemenl.
Tout s’uniten zones lumineuses, éclatantes, pour leurs sens qui virent,
possédés. Ils se sentent de la grâce, du charme et de la force. Une
extraordinaire communion s’accomplit entre le grand mouvement de
la planète, qui valse autour de son soleil, et le saut prcstedclafemme.
Quelque chose de la joie de la Terre passe en leurs corps. Ils s’aban-
donnent à cela, le torse fléchi, et le bruit de la mer aux oreilles. La
divinité du Mouvement les exalte. Une extase est savourée.

Pour sentir cette satisfaction maîtresse sur les corps, nous
 
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